L'Epée de Shannara - Terry Brooks - Fantasy [11]

Terry Brooks - L'Epée de Shannara
"Le Seigneur de l'Epée"

Sortie : 1977
Editeur : Del Rey Books


Style : 13/20

Même si on est loin de côtoyer des sommets en matière d'écriture (Terry Brooks a commencé à rédiger son livre à l'âge de 23 ans), il faut reconnaître que celle-ci permet une lecture rapide et efficace par sa simplicité et par son page-turning non négligeable, et ce même si les événements ont tendance à succéder assez vite. La narration est relancée une nouvelle fois lors de la séparation des divers adjuvants (l'inspiration sur le Seigneur des Anneaux est claire) où les points de vue se diversifient et rendent la narration à la fois plus haletante et intense, surtout que la succession d'événements supposés dramatiques va crescendo. Alors que le début du récit restait assez ronronnant, la dernière centaine de pages repose sur le principe du contre-la-montre littéraire et les cliffhangers terminent généralement chaque chapitre. Si l'on regrette une disparition/destruction vite expédiée du grand méchant de cet épisode (qui ne prendra au final que peu de pages), le style reste suffisamment bien fichu pour qu'on lise ce tome sans temps mort, et sans qu'on ne s'ennuie véritablement. En effet, les événements s’enchaînent les uns derrière les autres sans répit, même si ceux-ci ont souvent un goût de déjà-vu, et nul doute que le jeune lecteur, vu le faible nombre de pages à lire pour une épopée de ce type, y trouvera son compte... 

Personnages : 11/20

J'avoue qu'à la lecture de ce cycle, il est difficile de faire autrement que de relever tous les codes de la high-fantasy, et plus particulièrement du Seigneur des Anneaux, qui ont été copiés sans vergogne et réutilisés par Terry Brooks. Le héros, Shea, promis à un grand avenir, issu d'une lignée légendaire dont il ignore tout et seul espoir des mondes libres, le noir ennemi qui vit dans sa forteresse, la compagnie hétéroclite accompagnant le héros dans sa quête ainsi que la figure du vieux magicien représentée par Allanon, tous les clichés y passent et nombreux sont ceux à ne pas dépasser les Aragorn, les Gandalf voire même les Grima-like (Stenmin). Les archétypes des races classiques à la high fantasy sont également à l'honneur sans que cela ne soit trop irritant pour autant. On épinglera d'ailleurs au rang des bonnes trouvailles les explications concernant la race des nains qui sortent un peu de l'ordinaire.

Toutefois, si les protagonistes flanquant notre héros restent sympathiques, impossible de faire fi de l'attachement parfois destructeur de leur auteur. Celui-ci peine véritablement à nous insuffler un sentiment d'empathie à leur égard tant il rechigne à les mettre dans des situations dangereuses (on soulignera notamment le fait que Hendel échappe inexplicablement à la mort lors de l'embuscade des gnomes ou encore le retour des morts de Panamon en fin de récit). Personnellement, je pense aussi que le fait que certains s’ennoblissent extrêmement rapidement au cours de la narration (Meunion passe ainsi du statut du gamin apeuré à celui du super-chasseur sur à peine 200 pages) est un frein, d'une part, à leur identification et, d'autre part, au processus d'empathie qui doit pourtant se faire dans le chef du lecteur. 

Scénario : 08/20

Le cheminement fait plus que rappeler le Seigneur des Anneaux. En fait, le schéma narratif de ce dernier a été presque intégralement été réutilisé sous la réserve que les événements marquants se produisent à des moments différents. Ainsi, on échappe pas à l'arrivée, héros blessé, dans un lieu hors du temps (Sterland en Fondcombe-like), au passage sous le col de la montagne (Salle des Rois), à la dissolution de la communauté, au retour du vieux sage ainsi qu'à la poursuite, en trio, de compagnons perdus. On peine ainsi à percevoir un peu d'identité propre dans ce récit qui se nourrit sans scrupule des scripts de Tolkien pour écrire sa propre histoire, finalement loin d'être révolutionnaire et avec une tendance à l'happy-ending trop prononcée pour être finalement marquante.

Note Générale : 11/20

Dire que le cycle de Terry Brooks a mal vieilli est plutôt un euphémisme. Ecrit à une période (il y a quand même presque quarante années) où les ersatz, parfois sans grande originalité, du Seigneur des Anneaux fleurissaient sur les rayons des étagères des librairies du monde, il faut tout de même lui reconnaître qu'il est l'un des meilleurs qui furent écrits à cette période et qu'il a à tout le moins eu le mérite de démocratiser un genre, nous permettant par la suite de pouvoir jouir de monuments comme la Roue du Temps ou encore l'Arcane des Épées. Bien sûr, à la relecture du cycle à l'heure actuelle, j'ai eu l'occasion de sourire à de nombreuses reprises devant une histoire qu’on peut qualifier sans peine de convenue et sans grande fantaisie... Mais il faut parfois savoir replacer les choses dans leur contexte. Et dans celui-ci, le livre de Terry Brooks n’en demeure pas moins une référence pour des milliers de lecteurs. 

Jaquette : 11/20

Personnellement, je ne suis absolument pas fan de cette première de couverture faite façon comics qui ne donne pas vraiment une impression générale de roman de qualité mais plutôt la sensation que l'on va lire un bouquin destiné aux enfants, ce qui n'est pas vraiment engageant.