Le Seigneur des Anneaux - J.R.R. Tolkien - Fantasy [18]

J.R.R. Tolkien - The Lord of the Rings
"L'avénement de la mythologie anglaise"

Sortie: 1954-1955
Editeur: Allen & Unwin


Fond : 18/20

Quand après dix ans de réflexion et de travail, Tolkien se met à l'écriture de ce qui sera son Grand Oeuvre, il ne se contentera pas d'écrire une simple histoire cohérente, il édifiera par la même occasion le monde de fiction le plus complexe et le plus détaillé au monde. Que ce soit au niveau des généalogies des différentes espèces que Tolkien a créé pour peupler son monde ou au niveau des lieux géographiques de la Terre du Milieu, rien n'est laissé au hasard. Cette dernière est doté d'une histoire propre réellement captivante qui débute de la création du monde à l’avènement des hommes en passant par une myriade d'événements. Si cette historique n'apparaît pas directement dans LSDA, elle est toujours sous-tendue par soit les chants ou les appendices, conférant ainsi un véritable écoulement du temps auquel le monde de Tolkien est soumis.

Mais ce n'est pas tout, la richesse du développement de la Terre du Milieu se voit aussi dans des domaines plus inattendus, Tokien crée une faune et une flore extrêmement détaillée, s'attaque à l'astronomie et va jusqu'à imaginer des langages parfaitement cohérents pour chacun de ses peuples. En fait, Tolkien crée de part ses écrits une véritable mythologie, une mythologie qui n'existait pas jusque là: la mythologie anglaise. On pourrait aller jusqu'à dire qu'être historien ou géologue de l'oeuvre de Tolkien est presque aussi difficile qu'être historien ou géologue dans le monde réel.

Forme : 17/20

Dés ses débuts, beaucoup d'auteurs ont trouvé à redire du style de Tolkien et certains ont même qualifié l'ouvrage de bouquin pour enfants. Mais au-delà de cet accueil mitigé face à une oeuvre aussi avant-gardiste, il est clair que l'écriture de Tolkien, qui se veut assez soutenue, captive le lecteur et le plonge directement dans les limbes de la Terre du Milieu. Et même si parfois, il sombre dans la lourdeur (Chapitre: Sylvebarde), il garde malgré tout son caractère poétique et envoûtant. Au delà du Livre I et du Livre II, Tolkien va faire s'entrecouper les narrations des différents protagonistes avec une maîtrise rare dans le but de conserver l'attention exclusive du lecteur même si celui-ci s'aventure dans les centaines de pages déjà lues. Il ajoute à cela une véritable maîtrise de ses personnages qui, bien que façonné comme des archétypes, vont s'enrichir de charisme et nous surprendre. On notera également la création de véritables langages, chose ô combien difficile.

Scénario : 18/20

Inspiré par de nombreux contes, notamment Beowulf ou Sire Gauvain, et de nombreuses légendes (et pas essentiellement nordiques), Tolkien est parvenu à créer une histoire qui les englobe et les transcende. Véritable suite de son premier jet (Le Hobbit) mais tellement plus complexe, Tolkien reprend cette histoire avec finesse et fait évoluer ses héros dans une histoire, non que dis-je un véritable périple, reprenant les éléments qui ont fait le succés du premier livre en les anoblissant (Gandalf ou Elrond passent de simples magiciens à véritables sages) ou en leur conférant un statut nettement supérieur (Le Nécromancien devient alors Sauron).

L'histoire bien que relativement simple a été travaillé et retravaillé par Tolkien pour ne laisser aucun temps mort à la narration même dans un pavé de plus de 1800 pages et certains thèmes mythologiques et catholiques sous-tendent même le scénario comme la Quête du Bien ou encore la Mort et le désir d'immortalité. On n'a pas ici le temps de s'ennuyer, rebondissements et coups de théâtre s'entre-croisent dans un univers encore inconnu du grand public mais terriblement enchanteur.

Note Générale : 18/20

Meilleure vente littéraire du XXème siècle derrière la Bible, Le Seigneur des Anneaux a fait l'objet d'un engouement sans précédent, d'un véritable raz-de-marée. Suite à de nombreux sondages, réalisés notamment au Royaume-Uni, l'oeuvre de Tolkien a trôné à maintes et maintes reprises en tête de sondages voulant élire le livre du siècle; ce qui montre bien l’intérêt parfois excessif que lui montre le public. Inspirateur de tant d’œuvres, littéraires ou pas, la trilogie est une véritable référence en la matière et a transcendé toutes les générations, lecteurs assidus ou pas.

Qui peut se vanter de dire qu'il n'a pas aimé LSDA? A fortiori, qui peut se vanter de ne jamais l'avoir lu ou jamais avoir entendu parler de Nains, d'Elfes ou de Hobbits? Quasiment personne. En effet, les thèmes et les idées véhiculés par Tolkien sont récurrents dans notre vie de tous les jours. C'est sous son égide que la demande de fantasy et de science-fiction a explosé ou que les jeux de rôle tels que Donjons&Dragons ou même Warcraft se sont imposés. Même le rock jusqu'à Led Zeppelin (The Battle of Evermore et Misty Mountain Hop) s'est mis à citer le Seigneur des Anneaux.  

Véritable Bible en matière de fantasy et en matière de littérature tout court, le Seigneur des Anneaux offre un monde tellement complexe et détaillé qu'il est nécessaire de l'approcher plusieurs fois pour en soutirer ne fussent que quelques informations; le plaisir de relecture étant plus qu'évident, on irait même jusqu'à dire qu'il faut au moins une fois l'avoir relu. Et cette relecture (et même cette re-relecture) ne posera aucun problème même à ceux qui ne sont pas des dévoreurs littéraires car l'attraction du Seigneur des Anneaux est immensément puissante.

Et si celui-ci ne venait à plus vous suffire, les nombreux écrits de Tolkien, voire la bibliothèque des romans fantasy, devrait vous abreuver suffisamment pour étancher votre soif de mondes fantastiques. Même les plus fervents opposants à Tolkien ont déclaré que "l'ouvrage exerçait une fascination indéniable »

Avec une maestria peu commune, l'Inkling a fait subir à son texte un va-et-vient entre la Destruction de la Communauté, rétablie ensuite pour un temps seulement avant la séparation définitive, réel moment de déchirement pour le lecteur qui sent la fin de ce dans quoi il est plongé depuis des heures. Mais il reste la possibilité de les entendre à nouveau grâce aux récits des Elfes; le cercle est recréé à chaque lecture et le lecteur ensorcelé peut rapidement prendre la place de Boromir, vacante tôt dans le récit, et devenir ainsi le neuvième Compagnon...

Jaquette: 17/20

Si les jaquettes de LSDA sont aussi nombreuses que ses différents éditions, il reste certain que les artworks de leurs auteurs, notamment John Howe et Alan Lee, restent d'une qualité rare.