Eragon - Christopher Paolini - Fantasy [05]

Christopher Paolini - Eragon
"Merci papa"

Sortie: Août 2003
Editeur: Alfred Knopf


Style : 05/20

L’écriture n’est pas simple, elle est simpliste, on dirait que Paolini se contente d’écrire comme il pense (et dire que son texte a sans doute été modifié une demi-douzaine de fois, imaginez son premier jet). Son style est maladroit, immature et souvent ennuyeux. En outre, il se permet même d'ajouter de la longueur dans son texte ce qui a le don d'être assez irritant puisque celle-ci n'est même pas utilisée pour approfondir les personnages ou détailler au mieux l'action.

Sa technique littéraire est d’ailleurs si basique qu’à aucun moment le lecteur, même avec la meilleure volonté du monde, ne se retrouve dans le récit proprement dit. On ne peut se projeter dans les décors imaginés par l’auteur, on ne peut accrocher à la trame narrative et on ne peut ressentir les émotions des protagonistes, comprenez par là que, en lisant ce livre, vous ne serez ni en proie au suspense ni à l’émotion. Pire, on dirait que l’auteur lui-même s’en rend compte mais tente malgré tout de prendre le lecteur par les sentiments, le cas est particulièrement flagrant quand Eragon se retrouve face à un charnier ou encore face à la mort de son mentor et éprouve une maladroite colère alors que nous, on ne ressent rien du tout. On ferme donc ce livre avec l’image d’un héros invincible évoluant dans un monde vide. Peut-être que au fil de  son histoire, il a été blessé, qu’il a souffert ou qu’il traversé des mondes fantastiques mais ça, on ne le sait pas, ou on ne s’en rappelle plus, tant le style est boiteux.

Personnages : 07/20

D’un côté les gentils, de l’autre côté les méchants.

C’est par cette phrase manichéenne au possible que l’on pourrait résumer les protagonistes de l’œuvre de Paolini. D’un côté, on a le bon gentil qui veut faire le bien parce que c’est bien de faire le bien. Aucun sentiment humainement égoïste de sa part, Eragon se contente juste de vivre sa petite aventure comment si elle allait de soi, son dragon ne lui servant à rien hormis de monture et d'épée (il est d'ailleurs tout le temps d'accord avec lui). Il est pour cela accompagné de Brom, conteur copie conforme de Belgarath de la Belgariade. Et d’Arya, une elfe-archétype qui a force d’essayer d’être charismatique, en devient ridiculement insignifiante. De l’autre côté, sans aucune transition, il y a le mauvais qui fait le mal. Pourquoi fait-il le mal, se demande t-on. Parce qu’il mauvais, répond instantanément  Paolini comme si cela étant évident. D'ailleurs il est habillé de noir, a une épée noire et a sans doute un dragon noir...

Dans ces conditions, il est difficile de s'attendre à de la profondeur psychologique ou même à un semblant de charisme de la part d'un protagoniste. Les dialogues de ceux-ci manquent d'ailleurs cruellement de saveur, ils se contentent de parler pour au final ne rien dire d'intéressant, esquissant, de temps en temps, une réplique maladroitement humoristique laissant le lecteur perplexe face à un tant d'amateurisme et de légèreté dans la conception des personnages.

Scénario : 07/20

Comment est-il possible de donner la moyenne à un bouquin qui est axé en majeure partie sur le copier-coller ? C’est la question que l’on se pose quand il faut noter l’originalité de l’œuvre de Paolini. En effet, Eragon n’est qu’une pâle copie du Seigneur des Anneaux dont il puise la majeure partie des idées, notamment dans les races et dans les langages, qui à l’inverse du livre de Tolkien, n’ont strictement aucune cohérence. Et quand ce n’est pas chez ce dernier qu’il va puiser son inspiration, il en profite pour s'emparer de toutes sortes d'influences (Robin Hoob, Robert Jordan, ...) sans jamais parvenir à dégager une identité propre et ne se distinguant en rien d'un essai qui aurait fini dans une corbeille à papiers.

Cousu de fil blanc, le scénario s'avère très vite sans intérêt, il est d'ailleurs extrêmement classique, voire gentillet et les rebondissements qui vont parfois arriver en pleine histoire sont convenus et usés. En même temps pouvait-on s'attendre à mieux de la part d'un enfant de 15 ans qui, avec toute la naïveté et l'enthousiasme d'une groupie, essaye de marcher sur les traces de ses illustres prédécesseurs?

Note Générale : 05/20

Usant à outrance les idées de ses idoles, Paolini a 'réussi' à se créer sa propre petite histoire toute mignonne sans pour autant développer quelque chose de nouveau. Amputé de cette originalité et fort d'un style à la fois lourd, maladroit et ennuyeux, l'auteur ne peut nous proposer quelque chose d'un tant soi peu passionnant. Heureusement ce dernier a eu la chance d'avoir un papa éditeur qui lui a gentillement publié son 'livre' et de s'enorgueillir d'une promotion massive principalement axée sur l'âge du bonhomme (qui avait quand même 22 ans quand Eragon est sorti) sans pour autant être objective, marketing obligeant.

C'est dans ces conditions qu'on peut maintenant retrouver Eragon en magasin du côté des best-sellers et se le voir proposer presque partout comme très bon initiateur à la littérature fantasy. Paradoxe total et surtout, joli coup de poker pour un torchon qui n'aurait sans doute pas été lu par un seul éditeur digne de ce nom.

En tout cas, ne tombez pas dans ce piège et si vous voulez commencer à lire dans cette catégorie, il y a de très bons bouquins adaptés à la jeunesse, Bilbo le Hobbit ou A la Croisée des Mondes en sont de parfaits exemples.

Jaquette: 10/20

Pas franchement jolie, l'image du dragon ressemble plus au monstre du Loch Ness...