La Mallorée - David Eddings - Fantasy [07]

La Mallorée
"Belgariade 1.2."

Sortie : 1987-1991
Editeur : Del Rey Books


Style: 14/20

Sans aucun doute, il faut reconnaître un bon point, voire un très bon point, en ce qui concerne les dialogues de David Eddings. Souvent savoureux, parfois corrosifs et humoristiques, ils constituent la charpente de son récit et même si parfois on peut leur trouver un petit air de déjà-vu, il est clair qu'ils permettent l'aération de la narration et par conséquent un page-turning très efficace qui conviendra à bon nombre de lecteurs lambda. Cependant, là où les défauts prennent le dessus, si on excepte tout d'abord le fait que le script d'Eddings à forte vocation caustique puisse déranger le lecteur pendant des moments où le sérieux devrait prendre le dessus, c'est que l'environnement qu'il crée ne l'est pas avec suffisamment de maîtrise pour littéralement emmener le lecteur dans le monde ainsi imaginé. Si ce sentiment était déjà présent dans la Belgariade, il se retrouve intensifié davantage dans la Mallorée. Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que l'environnement de ce deuxième cycle ne change quasiment en rien par rapport à celui du premier et qu'il n'y a donc pas cette prise de risque par laquelle le lecteur peut être perturbé dans sa lecture trop paisible.

Personnages: 07/20

Lecture trop paisible et surtout schéma de narration trop peu original. En plus de se retrouver avec le même cheminement que dans les cinq tomes qui précédent (nous en reparlerons par la suite), on se retrouve peu ou prou avec les mêmes personnages. D'accord, ils ne portent pas tous le même nom que dans la Belgariade mais il faut bien reconnaître qu'on est affublé une fois de plus avec de beaux archétypes moyenâgeux du style du magicien, du puissant guerrier et du voleur sarcastique qui sont regroupés en une belle compagnie stéréotypée où chacun dispose d'un talent particulier et qui sera ô combien précieux dans le dénouement des événements.

Mais là où il y a de quoi vraiment rire, c'est au niveau des actions de ces personnages. Et là, que tous les superhéros, Superman en tête, s'accrochent à leur siège car ils sont encore plus puissants que dans le premier cycle. Ils mettront ainsi fin à de nombreuses guerres dans les pays qu'ils traverseront, détruiront des hordes de monstres tyranniques ou juste belliqueux, feront chuter les Bourses des régions (devenant par là millionnaires) par lesquels ils passeront (sic) et bien évidemment, ils extermineront le Mal de la surface du monde pour se retrouver, tous ensemble, au cours d'une fête, à se satisfaire d'une happy-end. Ajouter à ça quelques nouveaux monstres terrifiants mais qui au final mourront presque en un claquement de doigt de la part de nos héros (sic malheureusement) et je crois que la mayonnaise peut prendre.

Ou pas. Décidément, les critiques de création de personnages déjà formulées à l'encontre d'Eddings s'accentuent encore davantage dans ce cycle où visiblement, le temps consacré à la création des protagonistes et de leurs psychologies n'a pas dû être le point d'orgue de cette pentalogie, loin s'en faut. Reste quelques personnages qui essentiellement par leur verve et leur langue haut perché, notamment Silk, pour relever le piquant (et encore, pas toujours) d'une sauce bien fade.

Scénario: 05/20

Déjà de prime abord, et cela doit être la première question qui nous vient à l'esprit à l'annonce d'une tel cycle, pourquoi cette suite? La réponse semble être aussi simple qu'acide. Tout simplement parce que Eddings n'avait pas eu le temps de faire passer ses personnages sur toutes les cartes qu'il avait créé pour son premier cycle. En effet, si Garion avait déjà parcouru de long en large la première carte dans la Belgariade, il en restait encore toute une partie qui s'étendait à l'ouest des terres du Ponant et qui dans l'esprit de l'auteur, justifiait impérativement un périple par celles-ci. Sans inciter à prendre le contre-pied systématique des positions de l'auteur, il nous semblait peu, pour ne pas dire pas du tout, intéressant de continuer sur cette voie qui semblait d'ailleurs être une voie de garage puisque les nouveaux mondes proposés étaient quasiment identiques au précédents traversées.

Côté histoire ne cherchez pas l'originalité, il n'y en a presque pas. La Mallorée reprend presque identiquement l'histoire de la Belgariade, changeant ci et là quelques déroulements et quelques événements pour tenter d'aveugler les acheteurs les plus naïfs. L'histoire et surtout l'improbabilité de certains de ses passages sont plus que jamais expliqués par les prophéties et les Sybilles viennent s'en mêler distribuant pêle-mêle des instructions à nos héros ; comprenez par là qu'elles les feront traverser de fond en comble les jolies cartes que Eddings a imaginé, trouvant des excuses plus creuses que l'imagination de son écrivain pour justifier ces péripéties peu crédibles. Malheureusement.

Note Générale: 07/20

N'achetez jamais la Mallorée serais-je tenté de vous dire en introduction. Pourquoi? Parce que si vous n'avez pas apprécié, ou alors juste moyennement, la Belgariade, il n'y a nul intérêt à poursuivre dans cette direction. Ensuite, parce que si, a contrario, vous avez apprécié la Belgariade, soit restez-en là (c'est-à-dire sur une bonne note finale) ou soit, si vous voulez à tout prix vous renflouer abondamment en ouvrages de la même veine, investissez plutôt dans un autre cycle de high fantasy (qui sera facilement d'aussi bonne et bien souvent de meilleure qualité que la Belgariade) que dans une redite de cette dernière.

Et sur ce mot redite, il y a de quoi épiloguer pendant une dizaine de pages tant ce cycle ressemble au précédent. Mêmes personnages ou presque. C'est-à-dire que les meilleurs ont été conservés et les moins bons ont tout simplement été remplacés par des sosies aux compétences et personnalités presque identiques. Même scénario ou presque. On traverse une fois de plus des régions différentes pour le simple plaisir de l'aventure et de la découverte, celui-ci étant soutenu tant bien que mal par un scénario brinqueballant, justifié dans sa quasi-totalité par des codex obscurs et des sybilles évasives. Ces dernières indiquant d'ailleurs aux héros par où ils doivent absolument passer (en d'autres mots, par tous les lieux des cartes prévus par Eddings), prétextant, sans justifier outre mesure, que cela est nécessaire pour accomplir une quelconque prophétie. Mouais.

Jaquette: 13/20

Dans ces nouvelles éditions, ce n'est plus Siudmak qui s'occupe des couvertures et cela se ressent... elle n'en reste pas moins jolies