Assassin's Creed 03 - Action/aventure - 360/PC/PS3 [11]

Assassin's Creed III
"Rise & Fall"

Sortie : Octobre 2012
Développeur : Ubisoft
Editeur : Ubisoft


Réalisation : 12/20

Les ambitions d'Ubisoft étaient très grandes à l'entame de ce troisième opus. Après nous avoir fait parcourir en long et en large la Méditerranée, fin du Moyen-Age, les développeurs ont voulu situer la suite du combat entre les Templiers et les Assassins en pleine révolution américaine. Et ce avec tous les moyens pour rendre cette période - pour le moins agitée - de l'histoire parfaitement crédible. Ainsi, la modélisation des villes de New York et de Boston a été faite avec un soin tout particulier du détail et la zone sauvage de la Frontière (rappelant un peu les étendues sauvages de Red Dead Redemption) est aussi vaste que possible. Les saisons viennent s'y succéder, ainsi que la météo, ce qui renforce davantage le sentiment d'immensité de ce continent sauvage.  

Malheureusement, toute cette débauche de gigantisme rencontre très vite ses limites. Les bugs sont nombreux, le popping récurrent et des problèmes d'interaction avec le décor monnaie courante. Et c'est bien ça le principal problème du soft. D'habitude, à la rédaction, on a l'habitude de fermer généralement les yeux quand on remarque quelques bugs dans un jeu, gardant à l'esprit qu'aucun soft, à l'heure actuelle, n'est exempt de reproche. Mais là, on ne parle pas de quelques malheureux soucis de réalisation mais bien d'une montagne. On a vraiment l'impression que le soft n'a pas été testé tant les erreurs sont nombreuses, et c'est d'autant plus dommage qu'il y avait un réel potentiel dans ce jeu.

Système de jeu : 08/20

Le revers de la médaille des fortes ambitions d'Ubisoft est qu'on a la sensation que le soft est sorti beaucoup trop tôt et n'a pas fait l'objet d'un quelconque post-contrôle. Parce qu'outre les problèmes de réalisation énumérés précédemment, le jeu est quand même truffé d'erreurs qui ternissent l'expérience de jeu. La séquence 12 en est un parfait exemple : sensé rattraper à la course le méchant de cet épisode, notre bon vieux Connor se retrouve plusieurs fois à le dépasser sans que la mission ne se clôture pour autant, le laissant aux prises de freezings de plusieurs secondes et de poppings d'ennemis en tout genre.

Et puis la gestion des commandes est quand même mal pensée. Ainsi, nombre de joueurs pesteront une fois de plus quant à l'assignation à une seule touche (la fameuse R1 sur PS3) des actions relatives à la course et à l'escalade. Inutile de préciser le nombre de fois où une course-poursuite s'arrête involontairement quand le brave Connor escalade le premier obstacle qu'il rencontre un peu trop près de lui au lieu de continuer à se rapprocher de la cible à intercepter. Le même problème d'assignation des commandes se pose également quand on est à dos de cheval dans la Frontière où l'exploration, vu les arbres et les rochers, devient presque calamiteuse.

Au-delà de cela, on a aussi un peu la désagréable impression que les objectifs et les manières de réussir les diverses missions qui nous sont proposées sont peu clairs. On peut parfaitement perdre puis réussir une mission en utilisant identiquement la même technique. Dans la même veine, la réussite des missions d'espionnage semble totalement liée au hasard : certaines fois, on est repéré alors qu'on est caché derrière un groupe de personnages, d'autres fois, nos ennemis sont en face de nous et continuent de vaquer à leurs occupations comme si de rien n'était. Alors, certes, la difficulté du soft ne pose pas de véritable problème mais le caractère aléatoire de la réussite de certains passages du jeu (le franchissement des lignes ennemies lors de la bataille de Bunker Hill notamment) peut être vraiment frustrant pour les joueurs en quête d'un gameplay solide et surtout cohérent avec lui-même.

Les combats, toujours très faciles, s'avèrent parfois un peu brouillon. Autant le fait que le nombre d'ennemis présents sur la carte soit supérieur à celui des opus précédents est plutôt un point positif, autant le fait que la caméra soit un peu en roue libre, essayant de trouver le meilleur plan pour apprécier de l'ensemble des échauffourées au lieu de se centrer sur notre héros, pose évidemment des problèmes de lisibilité de l'action. Seules finalement les batailles navales s'avèrent réussies, ce qui a d'ailleurs été unanimement salué par la critique. A la fois techniques et pourtant faciles d'accès, elles apportent une sensation de fraîcheur dans un gameplay à la fois désuet, redondant et mal pensé.

Durée de vie : 16/20

Avec un nombre de 12 Séquences à accomplir avant de voir le bout du soft, on peut tabler sur un nombre de plus ou moins seize heures de jeu, ce qui est tout à fait appréciable pour un jeu d'action-aventure. Et même si ce troisième opus met un peu de temps avant de se lancer (ce n'est que vers la cinquième Séquence qu'on prend réellement en main notre héros), la succession des missions propre à la saga AC se fait agréablement et c'est avec attention que l'on suit les périples de notre jeune assassin.

Pour pimenter la durée de vie, on retrouve ci et là de nombreuses quêtes secondaires (missions de contrôle de territoires, batailles navales ou encore de gestion de domaine) ainsi qu'une forte rejouabilité. Bien sûr, toutes ne sont pas passionnantes et s'avèrent parfois être juste présentes pour gonfler la durée de vie. Mais l'effort fait par les développeurs de prolonger l'expérience dans cette Amérique fin du 18ème siècle et d'en découvrir tous les secrets est louable. Bien sûr, il aurait été préférable de se farcir moins de quêtes fedex au détriment d'un nombre de missions annexes peut-être plus réduit mais au challenge plus élevé. Parce qu'une fois de plus, l'ensemble du jeu (si ce n'est les errements du gameplay qui peuvent provoquer des désynchronisations prématurées) est baigné dans une facilité parfois ennuyeuse.

Scénario : 13/20

Il est véritablement grisant de revivre les évènements historiques les plus importants de la révolution américaine, ceux-ci étant d'ailleurs agréablement mis en valeur, notamment par les nombreuses interactions dans le menu de l'Animus. Les situations historiques, même si on ne s'attarde finalement pas trop longtemps dessus (notamment la déclaration d'indépendance et sa signature) sont nombreuses et on a vraiment l'impression de suivre un cours d'histoire, le côté barbant en moins. Malheureusement, et c'est ce qu'on peut regretter par rapport au deuxième opus de la saga, l'histoire des assassins se voit reléguée au second plan de sorte qu'on se demande parfois les réelles motivations de Connor qui se retrouve bien souvent seul dans son combat contre les Templiers. Le sentiment de solitude qui entoure notre héros, et qui s'illustre magnifiquement au cours de l'épilogue, donne certes une aura que n'avaient pas Altair et Ezio mais on se demande un peu si les développeurs n'auraient pas du développer davantage le combat millénaire entre assassins et templiers au détriment de la révolution américaine.

Il serait par contre malséant de leur jeter la pierre d'avoir essayé de mettre davantage l’histoire de Desmond en avant tant cela était réclamé depuis longtemps par les joueurs. Malheureusement le constat est sans équivoque : Desmond est insipide au possible. Que ce soit son opposition avec Abstergo ou ses dialogues avec ses différents adjuvants (père, insipide également, ou autres connaissances), il faut bien admettre que cela n'intéresse personne. Même le fameux cliffhanger de fin, vendu comme conclusion épique à cette trilogie (ou pas), laisse un goût de déjà-vu et une nouvelle sensation d'ennui.

Note Générale : 11/20

Pour un épisode qui devait s'annoncer épique (fin d'une trilogie, époque passionnante, nouvel assassin, ...), il faut bien admettre qu'Ubisoft s'est un peu loupé. Avec les yeux plus gros que le ventre, les développeurs québécois ont retranscrit une Amérique sauvage dans ses moindres détails. Mais à quel prix? Celui d'une réalisation moyenne truffée de bugs. D'un système de jeu imparfait qui hérite des défauts de ses prédécesseurs (combats ennuyeux, infiltration ratée) outre les lacunes propres à cet épisode. Alors, certes le plaisir de fouler ces lieux d'histoire est toujours présent mais le charme propre à cette saga risque de ne pas tenir longtemps s'il ne contente de se reposer sur ses lauriers, à savoir celui de proposer un périple à travers l'histoire avec un grand H. Surtout que le script, que les développeurs ont tenté de rendre plus fouillé que précédemment avec un focus important sur Desmond, ne fait pas vraiment décoller l'histoire. Reste la joie des batailles navales, le seul point réussi à 100% du soft, mais c'est un peu court. Néanmoins, vu le retour positif des journalistes sur cet aspect d'AC III, il y a fort à parier que le prochain opus de la saga annuelle aille dans cette direction.

Jaquette : 16/20

Une très belle impression se dégage de cette jaquette, forte en symbolisme.