The Last Story - ARPG - Wii [12]

The Last Story
"La Fantaisie finale?"

Sortie: Février 2012
Développeur: Mistwalker
Editeur: Nintendo


Réalisation : 14/20

La patte graphique est admirable. D’influence médiévale et baroque, le level design est inspiré et servi par des créations immenses comme la fameuse cité de Lazulis où les protagonistes vont passer la majeure partie de leur temps, du moins au début de l’histoire. Faisant autant penser à la ville de Rabanastre de Final Fantasy XII ou au Florence de Assassin’s Creed II, Lazulis est véritablement une merveille d’architecture. Et d’animation… En plus d’être gigantesque, elle se permet même le luxe d’être presque vivante. Les PNJ se heurtent entre eux, les passants peuvent être bousculés par le héros, Zael, et ce dernier esquive même les pancartes qui ornent les murs de la cité lorsqu’il les approche d’un peu trop près. Et même si les autres zones que l’on sera amené à franchir au cours de cette épopée n’ont peut-être pas bénéficié du même soin de création, il n’en reste pas moins que l’ensemble est joli, voire très beau pour de la Wii.

Le problème, c’est que si tout ces décors sont beaux immobiles, une fois en mouvement, la console commence un peu à cracher ses tripes et le rendu visuel final n’est peut être pas celui voulu par Sakaguchi. Les chutes de framerate sont légion (notamment juste avant les cinématiques) et la réalisation devient vite saccadée (comme si le jeu laggait) ce qui rend chaotique certains affrontements où les ennemis sont nombreux à l’écran. On a vraiment l’impression que le soft a été développé pour tourner sur une machine plus puissante et qu’au final, il a fallu se rabattre sur la Wii qui, elle, n’est pas en mesure de soutenir pareil jeu. Niveau musiques, pas grand chose à redire, les compositions sont de bonne qualité. Ils ne sont certes pas tout le temps utilisé de sorte qu’il n’est d’ailleurs pas rare de n’avoir à certains moments de l’aventure que les bruitages comme compagnon sonore. Mais quand les thèmes sonores, notamment lors de scènes importantes, reviennent à la charge, impossible de ne pas souligner la qualité du travail des compositeurs. Petit coup de cœur à la rédaction en ce qui concerne le « main theme ».

Système de jeu : 16/20

Le gameplay de The Last Story recèle une richesse insoupçonnée. Autant la progression et le level-design des différents environnements restent dans le domaine du classique, autant les combats sont truffés de petites trouvailles agréablement bien pensées. Et pour ne rien gâcher à la fête, les tutoriaux, sous fond de jolis artworks, permettent d’intégrer facilement les nombreuses possibilités de gameplay et de tenter d’user ainsi du soft à 100 %. Car, en effet, la stratégie a un rôle important dans ces affrontements et les possibilités d’éliminer ses opposants sont très nombreuses. A chaque rencontre, Zael peut ainsi choisir de les éliminer sournoisement en usant de la surprise, de les arroser de loin avec son arbalète ou encore de rentrer dans le tas la tête baissé. Là, pris dans un combat qu’on ne peut (ou veut) éviter, les alternatives sont tout aussi nombreuses : on peut ainsi se cacher de ses ennemis, utiliser le Gathering (en fait le pouvoir particulier du héros) pour attirer les adversaires à soi ou encore tenter des combinaisons magiques à base de Rafale (une technique permettant d’activer les magies préalablement utilisées dans la zone de combat). Seul reproche finalement : que l’action apparaisse parfois brouillée tant les actions sont nombreuses et la caméra peu apprivoisable. Reste également les petits problèmes de freezing en combat déjà énumérés ci-dessus.

Durée de vie : 12/20


Comptez une vingtaine d'heures si vous souhaitez faire le jeu dans son intégralité. Certains diront que c'est un peu léger pour un jeu de rôle et ils n'auront pas tort. Toutefois, à la rédaction, on est plus dans l'optique de se dire qu'à partir du moment où on a plus rien à raconter, il est préférable de trouver une conclusion à son histoire. Et là, avec vingt heures de jeu (ce qui est une durée de vie correcte pour un action-RPG), on a déjà l'impression que l'histoire tourne en rond car, bien évidemment (et c’est un peu dommage), les diverses missions annexes auxquelles on est obligé, bon gré mal gré, de participer tout au long de l’aventure y sont pour beaucoup (trop ?) dans ce calcul théorique de durée de vie. Et le problème vient un peu de là. Comme on ne manquera pas de l’évoquer dans le titre suivant, ces quêtes répétitives sont souvent peu intéressantes et sans rapport avec l’histoire principale. Autant, dans le chef d’un joueur, suivre une trentaine d’heures une histoire qui se tient aux nombreux rebondissements ne posera jamais de problème. Autant jouer pendant pareille durée à un soft qui ne propose qu’une moitié de « véritable » histoire et le reste de quêtes accessoires sans grand lien avec la trame principal, c’est évidemment plus difficile.

En outre, et c’est un peu le deuxième gros soucis du soft au niveau de la durée de vie, The Last Story présente une faible rejouabilité : peu de quêtes annexes, pas vraiment d’intérêt à essayer un new game, … le titre s’avère malheureusement un peu vide une fois l’aventure principale terminée. Ce qui est plutôt étonnant de la part du créateur de Final Fantasy, série connue pour parfois abuser de quêtes en tout genre et à l’intérêt souvent discutables. Certes, l’objectif de la rédaction n’est pas d’inciter à prévoir dans chaque RPG une myriade de donjons annexes ou d’artefacts à récupérer une fois le boss de fin abattu, loin de là. Mais bien plutôt de proposer au joueur un véritable intérêt (nouvelles quêtes, nouveaux pouvoirs, …) de réinsérer la galette dans sa console.

Scénario : 11/20

Le thème inusable de la princesse en fuite est une fois de plus remis au goût du jour dans The Last Story. Croisement entre un Final Fantasy IX plus mature et le Aladdin de Disney, la dernière œuvre de Sakaguchi raconte la rencontre entre un mercenaire, Zael, et la princesse de la cité de Lazulis, Calista/Lisa. Et sincèrement, malgré un filon déjà bien usé, le tout marche assez bien et l’ambiance particulière propre au groupe de mercenaires rend l’immersion plus grande : on ne se contente pas de suivre Zael et ses compagnons (même si la plupart sont peu fouillés et souvent des stéréotypes), on vit cette épopée à leurs côtés et c’est plutôt un gros point positif.

Le problème c’est que les éléments déclencheurs (comprendre ceux qui viennent relancer l’intérêt de la trame) de cette dernière sont risibles : tantôt, il faut retrouver des voleurs de remède, à d’autres moments, il faut suivre la flotte Gurak non pour sauver quelqu’un mais pour impressionner le comte de Lazulis. Mouais. Si, à la limite, il s’agissait de quêtes secondaires que l’on retrouve parfois en début de jeu pour poser le décor, on aurait pu fermer un œil mais là, on est véritablement assailli par ces mini-quêtes tout au long du soft. L’exemple le plus frappant suit celui décrit ci-dessus, on est entrain de poursuivre la flotte gurak, on parvient à s’emparer d’un navire et là, qu’est-ce qu’on fait, on s’arrête sur une île déserte pour effectuer une kyrielle de missions en tout genre. Pour ensuite, non pas poursuivre le reste des navires ennemis mais plutôt pour participer à mes mini-quêtes à partir du vaisseau nouvellement acquis. On a vraiment l’impression que les réalisateurs ont voulu nous faire découvrir tous les recoins des cartes qu’ils ont créés et doubler ainsi la durée de vie du soft… Pourquoi pas, mais il manque alors à tout ça une âme. Le trop-plein de mini-missions vient littéralement tuer le soft, on y perd de l’intensité, on y perd du plaisir et de la part du génie qui se trouvait derrière Final Fantasy VII, Xenogears ou encore Chrono Cross, c’est évidemment impardonnable…

Note Générale : 12/20

The Last Story est un jeu à l’ambition débordante que ce soit notamment au niveau de l’architecture graphique des environnements ou encore de son système de combat. On se retrouve à vaquer dans une ville gigantesque aux nombreuses interactions. Mais à quel prix ? Celui d’une réalisation saccadé qui peine vraiment à voir dans certains moments où il y a beaucoup de choses à l’affichage ? Et même constat pour ce système de combat, certes très stratégique et fort de nombreuses spécificités, qui pèche parfois pour sa rigueur et sa complexité que certains qualifieront d’inutile. Comme si la vision de départ de Last Story n’avait pas pu être réalisée.

Et il en est de même au niveau du scénario où on constate cette différence entre les ambitions débordantes du soft et le rendu final. Car si certains amateurs de jeu de rôle auront sans doute tendance à fustiger le scénario parce qu’il reste dans les codes classiques (et peut-être vieillots) du JRPG en proposant une fois de plus une histoire entre un héros et une princesse, le problème est ailleurs. Et même s’il est peut-être vrai que le script n’est pas vraiment original et que la relation entre ces derniers reste quand même dans le domaine du cliché, il n’est en rien dérangeant. Ce qui gène finalement c’est que l’histoire ne tient pas la route. Les trop nombreuses « mini-quêtes » que l’on doit se farcir tout au long de l’histoire ne sont pas vraiment cohérentes entre elles et le fil rouge de l’histoire n’en devient que plus ténu… ce qui au final n’aide pas tellement à rentrer dans l’aventure. On a l’impression d’être dans un roman de R.E. Feist, une œuvre de fantasy véritablement attachante pour ceux qui débutent dans le genre mais presque ennuyante pour les lecteurs/joueurs aguerris.

Parce que sincèrement avec le talent de Sakaguchi et le buzz fait autour de ce jeu qui s’annonçait comme sa « dernière fantaisie », on était en droit de s’attendre à un condensé de ce qui a fait la réputation de ce légendaire bonhomme, ce qui n’est malheureusement pas le cas ici. Souvent comparé à Xenoblade car il est l’un des rares jeu de rôle intéressant à être sorti sur Wii, The Last Story n’a absolument pas la carrure du soft de Monolith Studio. En y réfléchissant, peut-être bien que le système de combat peut soutenir la comparaison car celui du bébé de Sakaguchi a le mérite d’être inédit mais cela s’arrête là. Hormis le fait que le concept de la troupe mercenaires est assez bien réussi et que certains personnages secondaires (tout particulièrement Syrene) renforcent ce sentiment d’intégration à un groupe, l’émotion, la sensibilité et le plaisir véhiculé par The Last Story restent à des années-lumières des grands noms du JRPG. Et si sur certains sites vidéoludiques, on a pu constater que The Last Story était en règle générale assez bien noté, il faut quand même rester crédible. Même si la Wii est en carence de bons RPG, ce n'est pour autant qu'il faut surnoter les seuls représentants de ce genre à sortir sur la machine de Nintendo et plus particulièrement ceux qui daignent pointer le bout de leur nez en Occident. Parce que pris indépendamment et en tenant bien évidemment compte des capacités intrinsèques de la Wii, force est d'admettre que The Last Story est loin d'être le Messie attendu...

Jaquette : 17/20

Dans le style propre de Sakaguchi et indirectement de la saga Final Fantasy, la jaquette est vraiment éblouissante. Propre et épurée mais sans aucun doute marquante…