Zelda: Twilight Princess - ARPG - GC/Wii [12]

The Legend of Zelda: Twilight Princess
“Dark OOT”

Sortie: Décembre 2006
Développeur: Nintendo
Editeur: Nintendo


Réalisation : 14/20

Quelques faiblesses sont à noter au niveau des graphismes, notamment au niveau du character design des personnages ou encore des environnements qui restent assez lisses et peu fouillés. Certes l’ensemble général est plutôt joli mais il faut bien avouer que, même pour une Wii, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Bien qu’usant de nombre de références et mangeant à quasiment tous les râteliers (Le Seigneur des Anneaux, Okami, Shadow of Colossus,…), Twilight Princess n’arrive pourtant pas à décoller au-delà de ces monstres de la Fantasy et à proposer un univers qui lui est propre. Et même le fameux monde crépusculaire, en plus d’offrir d’affreux pixels noirs en guise de brume maléfique, ne dégage pas vraiment d’aura particulière. Si on ajoute à cela l’absence de cinématiques, on se demande un peu pourquoi pareilles louanges de la part des journalistes alors que le world design est, en fait, basique, pour ne pas dire moche.

Niveaux musiques, pas de faute sur ce point, on reste dans la veine des précédents opus et on se voit proposer une bande-son épique qui propose à la fois de nouveaux thèmes héroïques et d’anciennes musiques remixées pour l’occasion. Là où il y a fausse note,  c’est dans les dialogues puisque ceux-ci sont muets, ou presque. Seul un texte s’affiche à l’écran avec parfois un borborygme aléatoire (avec des voix parfois vite pénibles, le meilleur exemple étant celle de Midona), ce qui rend quand même le soft beaucoup moins immersif.

Système de jeu : 13/20

Le système de jeu, certes totalement adapté à la Wii, révèle, en plus de nécessiter d’un certain temps d’adaptation, de profondes lacunes en matière de jouabilité. Devoir secouer la Wiimote ou le Nunchuk pour taillader les ennemis que l’on rencontre n’est pas vraiment le meilleur système de combat qu’on était en droit d’espérer puisqu’en plus de poser problème quand il faut réagir rapidement, il ne repère parfois pas le mouvement que l’on veut sortir. Il nous semblait plus simple d’appuyer sur le bouton A pour sortir pareilles attaques. Et ce constat de mauvaise attribution des commandes se retrouve dans le pad directionnel qui ne sert au final pas à grand-chose puisqu’il est peu ou prou une redite des touches – et +. Le manque d’un deuxième joystick pour diriger la caméra se fait également sentir. Dans cette optique, vouloir attribuer, comme c’est le cas dans ce Twilight Princess, à un seul bouton le contrôle du bouclier et le recentrage de la vision est risible. De plus, les raccourcis à l’écran peuvent être intrusifs tant ils prennent de la place.

Alors, bien sûr, certaines idées (le tir aux armes de jet, l’utilisation d’une monture,…) sont bien pensées mais elles sont parfois oubliées au détriment d’une jouabilité limitée. Et même quand il y a vraiment de l’originalité en jeu, comme les phases en tant que loup, on se retrouve avec un système de jeu qui ne permet pas beaucoup d’autres choses en dehors de la simple exploration et du déclenchement de leviers et de mécanismes, ce qui rend ces phases parfois ennuyeuses.

Durée de vie : 14/20

Dans les normes du ARPG, c’est-à-dire plus ou moins une trentaine d’heures pour en voir le bout, ce qui reste très honnête. L’environnement est, de plus, suffisamment varié pour ne pas sentir la lassitude, et cela même si la progression par donjons (dont certains rappellent malgré tout ceux des précédents opus, notamment le Ocarina of Time) peut sembler répétitive. On soulignera aussi les phases d'exploration dans les ténèbres qui peuvent s'avérer parfois ennuyeuses puisqu'elles ne font que répéter les zones que l'on vient de traverser mais cette fois-ci sans la lumière. Sans doute une astuce peu inspirée des développeurs pour rajouter artificiellement de la durée de vie.

Pour ce qui est des quêtes annexes, elles sont en nombre plus qu'appréciables et rajoutent de la durée de vie mais certaines, malheureusement, sont loin d’être passionnantes,  et semblent juste destinées aux fanatiques de Zelda. Pour ces derniers, Nintendo a pensé à ajouter un nombre gigantesque de secrets de de mini-missions afin de ralonger presque infiniment leur plaisir de jeu. Mais pour les autres, il resteront un peu en retrait, ne trouvant que peu d'intérêt de chercher pendant des heures un coffre au trésor superbement bien caché pour au final y découvrir un peu diamant un peu plus gros, le diamant étant la monnaie présente dans l'univers de Zelda.

Scénario : 10/20    

Même si elle est éculée depuis longtemps, la trame classique de high fantasy du forgeron qui se voit transformé en héros à la suite d’une prophétie reste efficace. Bien mise en place et rehaussé par un certain nombre rebondissements et de révélations, elle peut être un excellent investissement en matière de RPG. Et sur ce point, pas trop de problème pour Twilight Princess. Si on veut bien faire fi d'un manichéisme un peu simpliste, il remplit en effet son rôle avec un scénario plus ou moins bien rôdé relancé par quelques retentissements bien placés. L’ajout d’un peu de noirceur dans le monde d’Hyrule, noirceur qui contraste beaucoup avec les précédents épisodes sortis sur Game Cube, est un bon point même si on peut évidemment regretter que les développeurs ne soient pas allés plus loin dans leurs idées en assombrissant davantage le trait pour véritablement mettre en place une atmosphère oppressante qui aurait donné une dimension supérieure à ce Zelda. On notera à cela quelques repompes grossières sur Ocarina of Time et sur les pointures du genre déjà citées comme le Seigneur des Anneaux.

Mais, honnêtement, le problème ne se trouve pas entièrement là. En fait, il se trouve également, à notre humble avis, dans les contraintes propres à la série. En effet, plus que dans n’importe quel RPG, les rôles des protagonistes sont clairement définis ; Link est le héros, Zelda la princesse qu’il doit sauver et Ganondorf, le méchant. Dans cette configuration tripartite, toute surprise est amoindrie et les schémas de narration sont, si pas déjà tracés, au moins clairement définis. Seul finalement s'ensort la petite Midona, à l'esprit mystérieux et à la personnalité complexe mais pour une franche réussite, combien de redites, que ce soit des précédents Zelda ou bien d'autres inspirations comme Okami ou le Seigneur des Anneaux? Beaucoup trop malheureusement. De la sorte, dans cet opus, la progression par 8 donjons, si chère à la série, n’est pas justifiée, si ce n’est pas une obscure prophétie simpliste, et on observe une dichotomie marquée entre les passages d’aventure et les passages dans les donjons.

Note Générale : 12/20

Pour un épisode qui s’annonçait dantesque, il y a de quoi être un peu déçu ; certes, il s’agit sans conteste d’un bon ARPG mais on est loin des sommets qui nous avait été annoncés à la fois par les critiques et par les studios Nintendo. On nous avait annoncé une réalisation impeccable. On se retrouve avec des graphismes juste du niveau Game Cube (et encore, on est loin des chef d’œuvres du cube mauve comme Resident Evil 4) avec un doublage quasiment, ou presque, inexistant. On nous avait annoncé une jouabilité immersive. On se retrouve avec des commandes à la Wiimote peu intuitives et assez mal pensées. On nous avait annoncé un scénario tout à fait original et très sombre par rapport aux opus précédents. On se retrouve avec une histoire basique de high fantasy usée jusqu’au bout de la corde avec un petit côté ‘darkounet’.

Bon, évidemment, ça reste un Zelda et en tant que tel, il ne fait nul doute qu’il trouvera ses fans, surtout qu’il s’agit du premier titre de la franchise mythique sur le monolithe blanc de Nintendo, et que ces derniers le trouveront magnifique. Mais il n’en est rien. Ou plutôt, si on juge en mettant de côté le caractère légendaire de Zelda et en tentant de rester objectif, il n’en est vraiment rien. Juste moyen et sans grande prétention si ce n’est de mettre au goût du jour la recette gagnante de ces aînés, Twilight Princess apparaît, une fois de plus, comme un sympathique moment à passer sur Hyrule en compagnie de Link, mais rien de plus pour le non-fanatique. Loin d’être aussi transcendant qu’on voudrait nous le faire croire, on est limite en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’un coup monté pour enfin offrir à la Wii un fer de lance.

Jaquette : 17/20

La dualité est clairement marquée et l’artwork est vraiment bien travaillé.