L'Ultime Secret - Bernard Werber - Policier/Scient [08]

Bernard Werber - L'Ultime Secret
"L'ultime motivation.com"

Sortie: 2001
Editeur: Albin Michel


Style: 10/20

Pas de surprise une fois de plus, Werber reste ce qu’il est, un auteur à la plume simple qui permet à tout type de lecteur de se plonger dans ses œuvres sans difficulté aucune. Du point de vue du récit, deux histoires s’entrecoupent efficacement pour rehausser la trame d’un niveau dans le suspense et la tension mais ce n’est qu’à moitié réussi. On notera la disparition d’informations en tout genre entre deux chapitres comme c'est de coutume chez Werber et ce n'est pas plus mal. Dommage toutefois que celles-ci se retrouvent alors directement dans le récit et que l’auteur use et abuse des descriptions scientifiques (sentant le dictionnaire scientifique à plein nez) pour remplacer certains mots du langage courant comme œil, oreille, … Alors évidemment, cela reste très bien documenté, comme presque toujours d’ailleurs, mais est-ce vraiment suffisant pour compenser les lacunes littéraires de l’auteur qui fait de plus en plus dans l’édulcoré et le simpliste, j’en doute fortement.

Personnages: 06/20

On a une fois de plus la désagréable impression d’avoir déjà vu les héros que Werber nous propose dans cette histoire. Ils rappellent trop les archétypes de ses autres romans, archétypes qui sont loin d’être fouillés niveau personnalité et jamais avare en citations et références, tellement que cela en devient faux. Une fois de plus, ils sont comme des super-hommes, ils comprennent tout, ils sont extrêmement intelligents et surtout extrêmement français. La «love story » qui se met en place entre eux est, elle, carrément bidon et elle se pressent dés le début de l’aventure. Mais le plus grand moment constitue sans nul doute les leçons de taekwondo de Lucrèce qui sont affligeantes de nullité tant l’auteur a l’air passionnément convaincu de ce qu’il écrit.

Scénario : 11/20

Basé sur la découverte scientifique de Olds, découverte peu connue mais pourtant bien réelle, l’auteur nous propose l’explication de cette découverte en tant que carotte pour aller jusqu’au bout du récit. Sans toutefois prendre en considération le fait qu’on puisse connaître cette révélation avant le dénouement final, il faut bien admettre que la carotte est presque imparable au premier abord, surtout si l’on ajoute à cela une assise solide et documenté même si cela tourne assez vite à la vulgarisation.

Malheureusement, les deux histoires que Werber va nous flanquer pour aller jusqu’au bout de l’aventure sont trop peu travaillées pour être captivantes. Et pourtant, il y avait de quoi faire sur le sujet. D’un côté des journalistes qui enquêtent, un peu sans trop savoir pourquoi et où aller, sur une mort une peu étrange et de l’autre un malade paralytique (assisté une fois de plus d’un programme informatique… décidément la panne d’idées n’est plus très loin) et d’un neurochirurgien qui s’occupe de lui. Et si ce n’était que ces histoires un peu insipides qui étaient à pointer du doigt, ça irait, mais là, les invraisemblances et les préjugés sont beaucoup trop présents ; on retombe une fois de plus sur les mauvais en blouson noir et en motos (comme d’hab’ chez Werber), la croyance populaire selon laquelle on utilise que 10% de notre cerveau (ce qui est scientifiquement faux), sentir la scie découper son crâne en pleine opération, mettre échec et mat un ordinateur avec un simple coup sorti au hasard (alors que même les joueurs lambda ont au moins deux coups d’avance en tête) et j'en passe. Trop de montages littéraires tue le montage littéraire, l’auteur nous le montre magistralement ici en usant à outrance d’astuces scénaristiques peu crédibles.

Note Générale : 08/20

Au fur et à mesure que le temps avance, et que Werber continue à sortir inlassablement ses romans, j’ai la très curieuse impression qu’il se contente de recycler ses vieux bouquins en y ajoutant de nouveaux thèmes. Que ce soit dans le style, le rythme, l'histoire, tout vise de plus en plus à atteindre un nombre plus important de lecteurs au détriment du reste. L’écriture est presque à l’identique la même que dans ses précédentes sorties et les personnages qu’il nous propose, fonctionnent de plus en plus comme des archétypes et manquent cruellement de personnalité et de saveur.

Et pourtant l’histoire proposée, la recherche de l’Ultime Secret, celle-ci couplée à l’histoire d’un malade paralytique (la plus intéressante par rapport à celle des deux héros) avait de quoi permettre la rédaction d’un joli bijou mais il n’en est rien. Il ne nous propose qu’un bête déroulement des événements qu’on pourrait déjà avoir vu dans un feuilleton diffusé sur une chaîne hertzienne grand public. Reste, ci et là, quelques passages qui prêtent à réflexion. Une fois de plus, Bernard Werber part là avec une bonne idée, comme c'est le cas de presque tous ses romans serait-on tenté de dire au niveau de la rédaction, mais il y a une grande différence entre, avoir une bonne idée et, en faire un bon roman. Et il va sans sire que le sieur Werber a encore du mal à percevoir cette dichotomie pourtant fondamentale. Dommage...

Jaquette: 16/20

Une fois de plus, une très jolie illustration.