L'Empire des Anges - Bernard Werber - SF/Scient [08]

Bernard Werber - L'Empire des Anges
"Après la mort... l'ennui..."

Sortie: 2000
Editeur: Albin Michel.


Style: 10/20

Une écriture facile, extrêmement simple et vite ennuyeuse. Le récit se veut soutenu, avec plus de 400 pages mais le texte à proprement parler se résume à peau de chagrin. Entrecoupé par de nombreux passages de la fameuse Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu qui n’apportent visiblement rien au récit si ce n’est un peu plus de pages. Ceux-ci n’ayant parfois pas de rapport direct avec l’histoire en elle-même (contrairement aux Thanatonautes), on en arrive à la désagréable impression que Werber essaye de caser ci et là les quelques connaissances qu’il a apprises depuis son dernier bouquin.

Et si ce n’était que ça. En fait, le récit principal est une nouvelle fois charcuté, cette fois par des passages de la vie d’autres personnes dont doivent s’occuper les Anges (ne dévoilons rien ici quand même), passages qui s’avèrent très vite rébarbatifs et qui semblent ne se trouver là que pour gonfler la taille du bouquin. Après, il est évidemment clair que le style de Werber a toujours été facile à lire et que cette lecture peut s’arrêter et être reprise à n’importe quel moment, c’est pour cette unique raison que la note de style arrête sa descente juste à la moitié.

Personnages: 07/20

On retrouve ici les personnages des aventures précédentes et ce n’est pas pour nous faire le plus grand bien parce que tous autant qu’ils sont, ils restent trop peu développés d’un point de vue psychologique. Autant Raoul Razorback, le bobo qui lance une citation à chaque phrase, est encore acceptable, autant le fameux Michael Pinson est un modèle d’insignifiance et de non-charisme. Extrêmement irritant dans toutes ses actions (notamment la défense de son client à la fin de l’aventure), il constitue sans doute un des personnages les plus pitoyables que j’ai lu de ma vie. De plus, quelques personnages illustres, comme si seuls ceux présents dans nos livres d’histoire méritaient de littéralement « monter aux cieux », se sont glissés d’ailleurs dans le récit (Marilyne Monroe en épouse de rabbin et Zola endosse un rôle d’avocat avec ridicule) et il faut bien avouer que ce n’est pas vraiment leur rendre hommage.

Scénario: 11/20

L’idée qui préfigure la charpente de l’ouvrage est intéressante, Werber après nous avoir fait visiter le monde de la Mort va plus loin dans sa recherche et nous propose ici le monde des Anges. Et même si ça peut sonner comme une redite, l’idée n’en est pas moins à applaudir. Malheureusement, c’est là que les bonnes idées s’arrêtent puisqu’en ce qui concerne l’histoire principale, celle de Michael et de Raoul, elle se limite à explorer la galaxie de long en large en tant que petits anges pour enfin découvrir ce qui se trouve derrière le chiffre 6 (sic !). On se sent un peu désœuvré durant ces phases d’exploration puisqu’en plus de durer plus de 400 pages, elles n’apportent strictement rien à l’histoire puisque c’est en « sauvant » les personnes dont ils ont la charge qu’ils vont finalement connaître ce qu’il y a après la condition d’ange.

Et en parlant de ces personnes dont ils ont la charge, les trois protégés de Michael vont connaître des desseins totalement improbables et bourrés de manichéisme, si vous ne savez ce qu'est un cliché littéraire, Werber vous en donne la définition, et ce, sur plus de quelques centaines de pages. Donc, dans leurs histoires respectives, l’un va passer de délinquant dans un centre pour enfants, membre d’un commando de la mort, joueur émérite de poker, malade d’un cancer inconnu tout en passant par la case prison ; l’autre va devenir une star juvénile à qui rien ne peut résister et le dernier deviendra un écrivain reconnu (les ressemblances entre lui et l’auteur sont si fortement sous-tendues qu’elles en sont vite lourdes)… inutile dans ces conditions d’espérer de la crédibilité dans ces sous-histoires dopées aux stéréotypes car en plus de se passer à grande vitesse, elles ne permettent strictement aucune réflexion.

Note Générale: 08/20

Partant d’une idée ma foi intéressante, Bernard Werber n’arrive qu’à nous proposer une version-bis des Thanatonautes, l’intrigue et le dénouement quelque peu haletant en moins. Le style reste toujours aussi faiblard, surtout que le volume souffre d’un manque d’originalité contrairement au premier opus où les idées nouvelles foisonnaient ; on assiste plutôt ici à une phase d’exploration peu passionnante où l’ennui est au rendez-vous. Les coupures dans le récit au profit des protégés des anges n’en sont guère plus passionnantes et les personnages, particulièrement insignifiants, ne sont certainement pas là pour relever le tout. Et ce ne seront pas les trois stéréotypes vivants servant de protégés à Michael Pinson qui viendront dire le contraire.

Jaquette: 15/20

Toujours très jolies, les illustrations des livres de Werber sont très appréciables. On notera que sur cette toile de maître, les anges ont un peu l'air de s'ennuyer. Un peu ce qui se passe à la lecture du livre en somme.