Le Cycle des Dieux - Bernard Werber - SF/Scient [09]

Bernard Werber - Le Cycle des Dieux
"Long comme l'éternité..."

Sortie: Septembre 2004, Octobre 2005, Octobre 2007
Editeur: Albin Michel


Style : 11/20

Une fois de plus, le style de Werber n’évolue pas, il reste ce qu’il est, à savoir une écriture très simple qui incite à la lecture mais qui met de côté toutes les subtilités que l’on pourrait faire dans un roman. Les passages de l’Encyclopédie sont une fois de plus présents mais leurs rapports avec l’histoire principale sont souvent inexistants ou alors ils clarifient une situation déjà très claire ; on a plutôt l’impression que l’auteur nous livre toutes les connaissances qu’il a apprit depuis son dernier livre, ce qui est plutôt frustrant.

Personnages : 06/20

On prend les mêmes que dans le cycle précédent et on recommence. Et cela pourrait être une bonne nouvelle pour les aficionados de la série si ce n’était pas encore le pénible et insipide Michael Pinson qui en était le héros. Une fois de plus, ses crises de colère en carton, ses amourettes peu crédibles avec toutes les femmes du coin et ses dialogues creux et pénibles laissent place à une impression de lassitude. Michael, sans conteste le personnage le moins attrayant du cycle, est sans cesse mis en avant, c’est lui qui comprend tout, c’est lui qui découvre tout, bref, c’est lui le meilleur. Une vraie tête-à-claques. Et ce n'est pas tout. Le pire passage de ce récit est sans nul doute celui où il en vient à se réincarner dans son propre monde en tant qu’écrivain ; c'est là que les rapports avec l’auteur, qui se décrit d'ailleurs comme un caliméro des temps modernes, sont si lourdement soulignés qu’ils virent à la mégalomanie et à l’autosuffisance. Difficile de ne pas en vomir.

Et ce ne sont pas les seconds rôles qui, dans leurs gestes et leurs actes, apparaissent comme une redite des épisodes précédents qui vont nous empêcher de penser que l’auteur n’a presque pas doté de psychologie et de personnalité ses personnages. Autant dans ses premiers opus, on pouvait laisser passer cette carence car l’originalité de l’œuvre laissait quelque peu pantois et que celle-ci justifiait notre magnanimité ; autant après une demi-douzaine de romans, ce manque nous apparaît comme une faute grave.

Scénario : 11/20

Le cycle commence comme toujours sur une bonne idée, après le monde des Anges, nous voici au monde des Dieux, ou plutôt devrais-je dire des apprentis-dieux. Ceux-ci vont devoir au travers d’épreuves à élimination se livrer bataille aux travers des peuples qu’ils ont mis sur pied. Et même si on peut regretter le fait que tous les apprentis-dieux soient des célébrités (comme s’il fallait être connu pour accéder « au meilleur du paradis »), il faut avouer que l’idée de base a de quoi être attrayante, surtout qu’elle est entrecoupée par des passages où la petite bande se met une fois de plus en exploration (cette fois-ci, plus passionnante que dans L'Empire des Anges), et notamment à la recherche du déicide, un apprenti-dieu qui tue ses condisciples.

Cependant, tout ne va pas se dérouler comme on aurait pu s’y attendre dans le meilleure des mondes. En effet, on comprend vite que les parties entre apprentis-dieux se limitent bien trop souvent à des clichés sous fond de Civilization IV (décidément le jeu vidéo préféré de l'auteur), passages en grande dose et sans nul doute présents pour gonfler le nombre de pages, les phases d’exploration deviennent de moins en moins intéressantes au fil des tomes (faute d’une trame sans cesse recyclée) et la partie où Michael se réincarne sur Terre 18 est un pur montage de propagande et de flagornerie totalement imbuvable. Reste quelques passages des peuples animaliers pour permettre une réflexion, même si celle-ci est, une fois de plus, dirigée et encadrée.

De plus, il est impossible de négliger l'intrigue qui se répète et tourne en rond (les longueurs en deviennent vite pénibles), les incohérences qui plombent le récit et les astuces scénaristiques qui sont visibles à deux lieues à la ronde. La révélation finale manque également de saveur et cela sent inévitablement le travail bâclé. Plus de 1000 pages pour en arriver à pareille conclusion, il y a de quoi rigoler.

Note Générale : 09/20

Pas de surprise pour ce cycle qui s’avère au final assez prévisible. Comme toujours, l’idée et le monde dans lequel évoluent les héros sont réellement passionnants et l’écriture simple aide à manger des centaines et des centaines de pages mais si on se penche un peu plus sur le livre, les défauts ne traînent jamais longtemps à nous sauter aux yeux. La faute à des personnages en carton et une histoire qui traîne en longueur et qui surtout ne se renouvelle plus du tout, on a même l’impression de se trouver, et particulièrement dans le dernier tome, face à une œuvre bâclée. Comme disait l’auteur Marc Anciel, « il faudrait qu’il se fasse violer ou qu’il se retrouve en prison pour qu’enfin il se sorte le balai du cul et arrête de faire dans le consensuel, l’édulcoré, le passe-partout, le terne quoi ! » Sans toutefois, lui souhaiter pareilles choses, il faudrait en effet que Bernard Werber se remette en question et travaille sérieusement ses personnages et son style. Et surtout qu’il oublie à jamais la famille Pinson. A bon entendeur.

Jaquette : 17/20

Des illustrations toujours très jolies, le principe des mises en abyme est clairement représenté et fait le parallèle avec le livre lui-même.