La Révolution des Fourmis - Bernard Werber - SF/Scient [06]

Bernard Werber - La Révolution des Fourmis
"Les insectes sont nos amis, il faut les aimer aussi"

Sortie: 1996
Editeur: Albin Michel


Style : 09/20

Un chapitre sur les humains, un chapitre sur les fourmis et un sur l’Encyclopédie, la même formule que dans les tomes précédents est utilisée mais elle sombre assez vite dans la lourdeur car ces passages sont rarement reliés entre eux. Au niveau de l'écriture, cela reste la même que pour les épisodes précédents, simple, très simple mais c'est facile à lire, seule chose appréciable chez l'auteur et certainement encore plus chez les jeunes lecteurs. On déplore malheureusement de nombreuses longueurs peu justifiables et surtout dénués de style ce qui les rend difficilement supportables.

Personnages : 05/20

Il est vrai que dans les Fourmis, on pouvait faire fi des carences de ces personnages vides et dénués d’âme que nous proposait Bernard Werber car l’histoire ne les concernait qu’indirectement. Mais ici, ce n’est pas le cas car l’auteur nous flanque violemment et au devant de la scène une héroïne, Julie Pinson (à croire que tout les personnages qui portent ce nom sont des modèles d’insignifiance), en pleine crise d’adolescente, bourrée aux stéréotypes et qui va butiner sur tous ses nouveaux amis (qui sont d’ailleurs de toutes les ethnies différentes, si c’est pas beau ça, tout le monde est heureux, tout le monde est ensemble) tout en s'indignant contre les mauvais adultes et en tentant de mettre sur place une micro-société où tout le monde vivra comme des fourmis (sic).

Et de l’autre côté de la barrière, on retrouve des caricatures d’êtres humains tout aussi ridicules, comme notamment le policier qui passe de bon flic à dangereux psychopathe après deux, trois parties de Civilization IV conseillé par un programme informatique humanisé du nom de Mac Yavel (toujours sic), le Gonzague qui frappe parce qu’il est méchant (d’ailleurs son appartenance à un parti d’extrême-droite n’est que sous-entendue qu'une dizaine de fois) mais aussi tellement d'autres qu'il est devient irritant de voir se côtoyer tous ces personnages sans charisme, sans personnalité, sans saveur et surtout stéréotypés au possible.

Scénario : 05/20

En partant du principe selon lequel l’histoire des fourmis étant terminée, je me demande toujours pourquoi ce bouquin porte le nom de Fourmis puisque ces dernières sont presque entièrement absentes de ce tome alors qu’elles en constituaient jadis le moteur principal. Presque uniquement centrée sur la partie humaine, l’histoire peine à décoller surtout que cette partie est sans conteste la plus mauvaise que Werber ait jamais écrit. Cette révolution, qui démarre à partir d'un concert musical, est bidon et on n'y croit pas une seule seconde, ça devient donc rapidement barbant et l’envie de sauter des pages est vite présente. Surtout que les invraisemblances sont présentes et en grande dose (notamment faire fonctionner une école entière et des dizaines de PCs avec deux, trois panneaux solaires trouvés ci et là et un gsm satellite). La partie myrmécéenne est légèrement plus passionnante même si elle manque de crédibilité (contrôle du feu notamment) et qu’on y trouve grossièrement des parallèles peu convaincants et surtout mal amenés avec des événements historiques.

Enfin pour conclure et pour rajouter encore au comble du ridicule, la conclusion et le procès des fourmis tournent à la farce géante et au spectacle de clowns. La critique des institutions est également présente dans ce simulacre de procès mais de quelle manière ! Propagande de hippie à cinq francs, objection systématique par la petite bande à Julie vis-à-vis du ministère public et cerise sur le gâteau, le juge qui accepte d’organiser un concours entre les fourmis et les humains (sic encore). Mais de qui se moque t-on ?

Note Générale : 06/20

Mais qu’est-ce que c’est que cette daube ?, serait-on tenté de dire une fois la lecture de ce livre finie. En effet, les deux premiers tomes de la saga des Fourmis étant bien réalisés et se terminant de manière plus ou moins convaincante, où était l’intérêt de sortir un troisième bouquin à part pour boucler une trilogie qui n'avait pas lieu d'être, c'est tout ce que l'on se demande ? Surtout qu’ici, les fourmis et les descriptions de leur univers miniature, c’est-à-dire le moteur des précédents tomes, passent au second plan et pour qui ? Une bande d’adolescents prépubères et boutonneux qui veulent prouver qu’ils peuvent vivre comme des fourmis tous ensemble dans le bonheur, contrairement aux adultes qui eux ne vivent pas comme des fourmis et donc ne vivent pas dans le bonheur (sic encore et toujours).

Mais pourquoi sans cesse vouloir prouver, par simulacres et quelques phrases bien placés, que les fourmis sont supérieures à l’espèce humaine ? Surtout qu'en nous le serinant durant plus de 600 pages, cela en devient vite pénible. Cela couplé à une révolution utopiste, naïve et ennuyeuse à mort, il y a de quoi se demander ce qui est passé par la tête de l’auteur pour nous affubler d’une pareille ignominie.

Jaquette : 15/20

Toujours des fourmis en infrarouges, toujours très original.