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 Ulysse - James Joyce - Réalisme [13]

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MR Fishy Fi$h
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MR Fishy Fi$h


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Ulysse - James Joyce - Réalisme [13] Empty
MessageSujet: Ulysse - James Joyce - Réalisme [13]   Ulysse - James Joyce - Réalisme [13] Icon_minitimeMer 4 Mai - 22:14

Ulysse - James Joyce - Réalisme [13] Ulysse-james-570397

James Joyce - Ulysse
"L'homme aux mille ruses"

Sortie: 1922
Editeur: Shakespeare & Company


Style : 17/20


James Joyce est un maître de la plume. Il a la qualité de sublimer des phrases, des paragraphes en leur dotant de double sens, de métaphores, de références ou de tout autre figure de style nécessaire pour accroître la qualité de sa syntaxe. La prose est parfaite, ou presque. Dans Ulysse, son style change sans cesse en fonction des chapitres ; on passe ainsi de la prose classique à la poésie sans oublier de faire un petit détour par les tournures théâtrales. A la fois alambiquée mais parfois rustre, l’écriture de Joyce est complexe à souhait. Sans nul doute, les fanatiques de l’œuvre trouveront dans ces écrits tout ce qu’ils y cherchent tant les thèmes abordés recouvrent une pluralité de choses.

Cependant, et c’est un peu là que les non aficionados se retrouvent, c’est que ce style, non qu’il soit ampoulée ou pompeux (bien que), fait parfois inutilement durer la narration et rajoute des longueurs, à notre sens, dispensables. Qu’il s’agisse d’un problème de traduction ou pas, Joyce traîne la trame scénaristique avec lenteur, par le biais de passages laborieux où monologues et descriptions s’enchaînent, souvent interminablement. De plus, certains paragraphes donnent parfois l’impression de se trouver face à une véritable cacophonie littéraire tant la narration varie selon les passages. De temps à autre, on se retrouve ainsi totalement dérouté face à des ruptures aussi inattendues que récurrentes. Où d’ailleurs même les phrases ne sont plus compréhensibles. Tout devient alors jeux de mots ou onomatopées, de la sorte qu’il est difficile d’en extraire un quelconque plaisir. Certes, au vu des citations, des métaphores ou des jeux d’esprit qu’on peut trouver entre les lignes de pareil roman, ce n’est finalement qu’une goutte d’eau dans l’océan mais il n’empêche que le style aurait gagné dans une trame plus concise.

Personnages : 14/20

Dans ce paragraphe, la question de savoir pourquoi James Joyce a choisi d'intituler son roman Ulysse semble trouver son sens. En effet, le personnage de Léopold Bloom vit à l’instar d’Ulysse du roman éponyme d’Homère un véritable voyage initiatique. Quant à celui de Stephen Dedalus, il incarnerait Télémaque, le fils d'Ulysse. Mais cette ressemblance n’est pas frappante du tout, du moins pour le lecteur basique. Et pour cause, à la première lecture, ces deux protagonistes ne semblent être que deux irlandais comme ils pourraient en exister autant dans la ville de Dublin.

Bien sûr, James Joyce a taillé de sa plume des protagonistes crédibles au possible en usant sans cesse de figures de style et de personnifications en tout genre. De plus, concentrer ainsi plus de 1000 pages sur deux protagonistes et essentiellement sur leurs personnalités et leurs monologues donnent à ces derniers une psychologie et une complexité à toute épreuve. Mais une fois de plus, et si on met de côté la culture littéraire et historique ainsi que les tournures rhétoriques qu’ils emploient régulièrement, les deux héros de ce périple ne sont que des dublinois lambda. Et nullement les Ulysse et Télémaque que tous les critiques de l’œuvre avancent et soutiennent mordicus. Du moins à la première lecture... Et c’est bien ça le problème majeur d’Ulysse. C’est que si l’on veut comprendre l’œuvre et particulièrement le plein potentiel présent dans chacun des personnages, il faut, en quelque sorte, être mis dans le secret des Dieux. Et cela peut devenir vite frustrant à la lecture.

Scénario : 10/20


Stupeurs et tremblements, nous osons attribuer seulement la moyenne arithmétique au scénario d’Ulysse. Pourtant, cette décision, sacrilège pour certains, constat logique pour d’autres, repose sur de nombreux critères. Certes, nous gardons à l’esprit que le scénario sensu stricto ne sert en fait que de point d’attache afin de distiller les nombreux concepts (religion, sexe, situation de l’Irlande et tant d’autres) chers à James Joyce dans son œuvre. Mais quand bien même. Etait-ce nécessaire de franchir le cap des 1000 pages pour accomplir cet objectif, c’est la question qui est posée. Et je crains que la réponse, quoi qu’en dise, est non.

Tentons la gymnastique intellectuelle d’inverser ce point de vue défendu farouchement par les aficionados de l’œuvre et d’imaginer le contraire. C’est-à-dire de dissocier le scénario des idées y afférentes et de faire en sorte que ces dernières n’existent pas. Peut-on alors trouver un intérêt quelconque dans ce synopsis pouvant être résumé en « deux types sortent faire un tour dans la ville, ils reviennent chez eux au soir, point barre, fin de l’histoire. » Une fois de plus, la réponse semble être non. Evidemment, cette dichotomie ne peut se concevoir qu’intellectuellement parlant et il va de soi que les deux domaines sont inévitablement liés. Qu’à cela ne tienne, que ce soit dans des romans comme la Métamorphose de Kafka ou Alice au Pays des Merveilles de Caroll, la réflexion est omniprésente (les idées y sont au tout premier plan au détriment parfois du scénario) sans pour autant que la trame soit bancale, loin s’en faut. Ici, dans Ulysse, on a finalement que des idées (fortes intéressantes cecidit) et à chacun finalement d’y trouver à manger et à boire.

Pour nous, les pérégrinations des deux protagonistes dans ce Dublin imaginaire ne véhiculent strictement aucun plaisir à la lecture. Et que dire de certains chapitres entiers consacrés à des monologues s’étalant sur presque une centaine de pages. D’accord, la technique littéraire employé est évidente mais est-il nécessaire d’en abuser de la sorte, nous ne croyons pas. En outre, que dire des chapitres ou Bloom et Dedalus urinent pendant de longues pages sur un mur ou alors s’adonnent à quelques plaisirs interdits à la plage. Allons donc, soyons sérieux, qui pourrait être dithyrambique sur une structure narrative où un chapitre entier est consacré à la masturbation d’un personnage caché dans des dunes ? Certes, les idées, les thèmes, les concepts sont autant de nourriture pour l’esprit qu’on peut en imaginer dans un roman mais en aucun cas, la trame n’est attrayante et le nombre abusif de pages n’y arrange en rien. En fait, le plaisir qu’on retire d’une telle lecture réside presque exclusivement dans l’interprétation et, n’ayons pas peur des mots, dans la masturbation intellectuelle.

Note Générale : 13/20

Chroniquer et par conséquent, critiquer une œuvre telle qu’Ulysse tout en mettant de côté toute la dimension mystico-divine qui l’entoure est un défi colossal. C’est néanmoins ce défi que nous avons tenté d’accomplir tout au long de cet examen. Nous parlions un peu plus tôt de la primauté de l’interprétation dans le grand œuvre de James Joyce par rapport à, par exemple, le plaisir de lecture. Mais c’était sans préciser que cette primauté est permise par une dictature de ce concept. En effet, bon nombre de fanatiques de l’œuvre, universitaires, professeurs ou traducteurs, ont tous, il nous semble, contribué à embellir cette œuvre. Que ce soit en donnant des interprétations différentes à certaines phrases, en prêtant des idées à James Joyce ou en tentant sans cesse de trouver des comparaisons, des double sens avec l’œuvre d’Homère.

Evidemment, Joyce a eu ces idées et a conçu son grand œuvre en rapport à son homonyme de l’Antiquité, cela ne fait aucun doute. Mais toutes les analyses qu’on en fait aujourd’hui sont-elles véritablement des concepts que l’auteur a tenté d’introduire lors de la rédaction de son roman, nous en doutons fortement. A nos yeux, le problème majeur d’une interprétation excessive d’une œuvre, généralement par des passionnées de cette dernière, c’est qu’elle finit bien souvent à lui faire dire tout et n’importe quoi. Et malheureusement lui donner plus de valeur qu’elle n’en avait à la base. Il n’y a qu’à voir la nouvelle traduction de l’œuvre, faite par un groupe de spécialistes de l’écrivain irlandais, qui a littéralement rajouté 400 pages au bouquin initial qui n’en comptait que 600. Joyce a-t-il conçu untel chapitre en rapport avec un passage particulier du périple d’Ulysse ? Peut-être bien. A-t-il pour autant associé précisément à ce chapitre une couleur, un chiffre, un sentiment, un prénom et je-ne-sais-encore-quoi-d’autre ? Cessez donc de nous croire aussi crédules, messieurs les traducteurs, messieurs les spécialistes.

Pour faire simple, Ulysse n’est pas un livre qu’on emmène à la plage, ni même un livre qu’on puisse lire d’une traite. Ce n’est pas non plus un livre qu’on lit pour le plaisir. Pour encore qu’il soit véritablement un livre car à nos yeux, il tient plus du recueil d’idées que du roman. Ulysse, c’est un livre monstrueusement complexe, difficile, parfois même incompréhensible et il faut déployer des trésors d’esprit pour en percevoir tout la substance ou parfois même en extraire un quelconque ravissement. A la fois un livre considéré comme la Bible du XXème siècle par certains, comme un charabia pompeux destiné aux élites par d’autres, toujours est-il qu’il reste un livre trop difficilement domptable et cela même après de nombreuses relectures, et peut-être bien trop surestimé pour ce qu’il est réellement.

Jaquette : 10/20

Une photo noir et blanc de James Joyce lui-même. Mouais, nous ne sommes pas trop convaincus par ce genre d’illustration, simpliste au possible… et surtout qui met totalement l’originalité au placard.
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Ulysse - James Joyce - Réalisme [13]
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