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 Catch 22 - Joseph Heller - Réalisme [17]

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MR Fishy Fi$h
Sergeant-Major
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MR Fishy Fi$h


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Catch 22 - Joseph Heller - Réalisme [17] Empty
MessageSujet: Catch 22 - Joseph Heller - Réalisme [17]   Catch 22 - Joseph Heller - Réalisme [17] Icon_minitimeLun 4 Avr - 19:04

Catch 22 - Joseph Heller - Réalisme [17] 9782253113362-G

Joseph Heller - Catch 22
"L'article 22"

Sortie: Novembre 1961
Editeur: Simon & Schuster


Style : 17/20


La prose est certes rhétorique mais elle n’empêche pas de donner la part belle aux sentiments, et notamment l’humour et le drame, donnant plein sens au mot tragicomédie. Il y a dans ce récit une atmosphère littéraire toute particulière de la sorte qu’on ne sait pas, à la lecture de certains chapitres, si on doit en rire ou en pleurer. Tout au long de la narration, cette ambiance toute particulière marche de la pointe des pieds sur la clôture qui sépare ces deux sentiments, pourtant beaucoup plus proches qu'on ne pourrait le penser de prime abord.

L’auteur aime également les descriptions et il s’y emploie d’une belle façon, faisant surgir la chaleur de la Méditerranée, la peur des soldats ainsi que la frivolité et l’insouciance de ceux-ci une fois en permission. Le caractère bien détaillé des lieux ou de ses personnages met en relief l’histoire de Yossarian et des autres sans pour autant que cela ne soit trop analytique. De plus, Joseph Keller ne laisse rien passer au hasard et accorde, on le voit tout au long du bouquin, un soin particulier à ses créations. Qu’elles soient au premier ou au dernier rang d’importance dans cette épopée, elles sont toutes méticuleusement taillées pour rendre la lecture fluide mais aussi intéressante. Elle est, en outre, parsemée de nombreux casse-tête logiques à la manière d’un Lewis Carrol, les dialogues évoluant sans relâche sur le fil tranchant qui sépare la logique pure de la folie la plus irrationnelle.

Personnages : 19/20

La conception des protagonistes de cette épopée est le point d’orgue de ce récit. Ils sont tous semblables les uns des autres mais pourtant tellement opposés quand on y regarde un peu plus, chacun ayant un caractère et une psychologie parfois antagoniste que ce soit vis-à-vis des événements qu’ils traversent ou tout simplement vis-à-vis d’eux-mêmes. Dans les souvenirs immuables que laisse pareille lecture, impossible d’oublier, par exemple, le major Sanderson et sa vision singulière du rêve, le vieil italien, avec sa langue acérée et caustique à la fois, qui oppose sa vision du monde à celle des jeunes militaires ou encore les grosses huiles de l’armée qui se servent de l'espoir que contiennent les jeunes recrues pour les envoyer au casse-pipe. Tous les personnages sont sources de réflexion et chacun à sa manière peut renverser la logique que l’on a à propos de la guerre et plus globalement à propos de la race humaine.

Et cela va plus loin, car les points de vue abordés par les protagonistes vont parfois à l’encontre de nos convictions et cherchent même à les combattre. Peut-être parce qu’elles sont trop conditionnées par la société. Ainsi, on se retrouve avec une quasi-absence de personnages allemands, qui ne sont pas considérés comme des ennemis mais comme des victimes, au même titre que Yossarian et sa bande. Même la capitulation allemande est mal vue par ces derniers. Justement parce qu’elle va les obliger à prendre le chemin du Pacifique. Au cours du récit, rien n’est blanc, rien n’est noir. Une fois, dans un paragraphe, on a l’impression que tout est ramené aux préoccupations égoïstes des protagonistes alors qu’une autre fois, on a l’impression que cette conception est en fait celle plus globale de la nature humaine.

Ces antihéros sont également le reflet de l’absurdité de la guerre mais aussi des Etats-Unis et des lois. Le fameux article 22 n’est en effet qu’un vaste attrape-couillon destiné à servir les intérêts de l’armée (que ce soit pour empêcher les recrues de se porter malade ou les forcer à continuer les missions). On le voit d’entrée de jeu, les personnages baignent dans un univers rempli d’absurdité et de non-sens. De même que les ordres donnés par les officiers supérieurs sont absurdes et que ces derniers ne savent même pas pourquoi ils les donnent. Tout est sans cesse remis en question et les personnages ne cessent de confronter les a priori et le sens logique du lecteur.

Scénario : 16/20

Le principal reproche à faire au scénario en lui-même, c’est que la narration se réduit principalement à de simples péripéties (si on excepte la conclusion finale) et non à une véritable construction scénaristique. Et dés lors, on peut trouver ce récit fort cyclique. En effet, à la lecture de ce dernier, on s’aperçoit que les événements, même s’ils sont différents, trouvent bien souvent la même conclusion, c’est-à-dire l’article 22, et plus généralement l’affrontement entre les valeurs logiques et illogiques. Mais le parti pris est assumé. Et ce du début du livre jusqu’à la fin. D'ailleurs, il semble que la puissance d’un livre comme Catch 22 réside dans des scènes fortes, pleines d’émotions et de questionnements, plutôt que dans la maîtrise narrative d’une trame parfaitement exécutée.

Certes, chaque nouveau chapitre apporte une réflexion différente, un peu comme dans Ulysse. Seulement, cette leçon de vie, à l’inverse du grand œuvre de James Joyce, ne se situe pas dans l’entièreté d’un titre ou dans des tournures savantes de phrases mais dans des passages brefs mais poignants. Emotionnellement parlant, que dire de la puissance émotive véhiculée par des algarades tels que le pétage de plomb de McWatt, la mort de Daneeka ou encore l’arrestation de Yossarian à la place de Aarfy, pourtant coupable d’un crime ? Ce sont toutes ces petites choses qui apportent terriblement au récit, lui conférant, par le biais de ses personnages inoubliables, une tout autre dimension.

Note Générale : 17/20


J. G. Balland, dans un commentaire dithyrambique à propos de cette oeuvre, avait qualifié Joseph Keller comme le dernier grand auteur et Catch 22 comme le dernier grand roman. Sans toutefois accorder de la valeur à cette déclaration légèrement pompeuse, nous devons toutefois admettre que Catch 22 est une œuvre totale. A la fois récit historique, diatribe logique et satire politique, ce roman transcende tous les genres littéraires pour donner une puissante analyse sur la guerre, sur la société et sur l’essence même de l’homme. Fort d’une histoire bien charpentée (mais avec une trame qui a un peu de mal à évoluer et à se renouveler ceci dit) et de personnages hauts en couleur et en personnalité (le principal moteur du récit tant ils sont somptueusement taillés), Joseph Keller a tous les ingrédients pour inscrire son roman à la postérité. Bon nombre de scènes de ce roman restent en effet inégalées en ce qui concerne les émotions véhiculées et la réflexion y étant afférente.

Jaquette : 14/20

Des bombardiers américains en première ligne donnent le contexte de l’histoire tout en ajoutant par la touche noire et blanche une impression d’archives historiques. Sans cela, c’est vrai que cela reste très simple.
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