Blue Sky Black Death presents The Holocaust"Bienvenue dans la quatrième dimension"
Sortie: Septembre 2006
Label: BabygrandeFlow/voix: 15/20Si Warcloud est un tueur à l'écriture et que les productions n'ont rien à envier aux meilleurs ambiances du Wu ou du Jedi Mind Tricks, le flow du 'sieur est l'un des plus difficiles à saisir. A la fois puissant et lourd comme sur Twilight Zone, narcotique et dénudé d'émotions (comme pour marquer l'horreur de la narration) sur The Worst ou répétitif et terriblement addictif sur I Can't No Matter Be ou Plunder, il reste d'une complexité hétérogène qui le rend difficile à qualifier. Quant aux invités, il n'y en a pas tout simplement pas, Warcloud étant suffisant pour gérer à lui tout seul la folie qui se dégage de cet album. De plus, qui d'autre pourrait pénétrer dans cet univers et en sortir indemne?
Lyrics: 18/20Warcloud est un être difficile à cerner lyricalement. Est-il tout simplement un dérangé mentalement ou s'agit-il d'un véritable génie de la feuille? La question est posée tout au long de l'album, véritable équilibre entre ses deux facettes diamétralement opposées mais ô combien liées. Il est donc (presque) logique que les thèmes abordés reflètent la personnalité torturée du bonhomme, personnalité difficilement saisissable et délirante au sens propre du terme. Ses hallucinations prennent vie dés le début de l'album sur The Worst, morceau véritablement larmoyant ou encore sur Plunder qui dans un langage taillé et découpé à la perfection qui transcende totalement les sens auditifs, nous emmène sur les champs de batailles sombres et ésotériques.
Mais Warcloud poursuit de plus belle en plongeant encore plus profondément dans des noirceurs lyricales issues tout droit d'un autre monde sur Twilight Zone avec une telle finesse qui fait que mêmes des anglophones ont du mal à comprendre. Et sur Monarchs, on parle à la fois de combats dans la cité des Anges et sur Smoking Room, c'est un mcee complètement défoncé à la fumette qui nous narre les légendes de Hamelin et de Dédale, cela toujours dans le même délire psychopathe et diaboliquement fin. Les divagations névrotiques se poursuivent sur God be with U où il nous narre le périple de jeunes soldats envoyés au combat sans oublier de glisser une similitude troublante avec son propre métier, sur Killer Moth où les instincts de tueur psychopathe de Holocaust se mettent une fois de plus en branle ou encore sur The Ocean où la mère océan apparaît ici comme une véritable arme de crime. Le tout agrémenté d'une dose de Comics et surtout d'insectes et de mammifères en tout genre, rendus ici étrangement inquiétants.
Instrus: 19/20Côté productions, les choses n'ont pas été faites à la légère, c'est rarement le cas du duo talentueux de Blue Sky Black Death. On se retrouve littéralement projeté dans un autre monde, une autre dimension avec des instrus qui transcendent totalement le genre, si genre il y a là tant l'opus apparait comme un OVNI rapologique. Celles-ci posent directement une ambiance unique aux sonorités sombres et mélodiques et aux atmosphères planantes basées sur des violons et pianos mélancoliques.
De plus, elles se permettent même de raconter elles aussi leurs propres histoires, emmenant à chaque fois l'auditeur dans différents univers torturés que Warcloud se fait un plaisir de peindre de ses pinceaux lyricaux. Plunder emmène dans une mélancolie profonde, God be with you emmène dans les hauteurs angéliques, les larmes montant aux yeux pour faire s'effrondrer ensuite l'auditeur sur Monarchs où la voix féminine discrète (une nouvelle fois plus qu'efficace) laboure le cerveau pour permettre au mcee d'y pénétrer plus facilement.
No Image emmène dans un monde indescriptible qui enlève toute notion du temps et de l'espace pour ne laisser place qu'à de la tristesse, Sinister emmène lui dans une région dévasté par une quelconque catastrophe où les larmes montent une fois de plus aux yeux. Smoking Room prolonge cette souffrance mélancolie jusqu'à un point de paroxysme rarement atteint et quand Lady of Birds arrive, c'est toute cette tension qui redescend pour être une nouvelle fois emmené dans un nouvel univers et cela jusqu'à Crash, dernier rappel avant le retour dans le monde des vivants.
Note Générale: 18/20L'ambiance de l'album est tout bonnement inqualifiable. On navigue dans le flou le plus psychotique qui soit, à travers nombres de prestations lyricales éblouissantes et de somptueuses productions du duo de Blue Sky Black Death. Et malgré toute cette folie qui est sous-jacente à l'opus, on remarque pourtant une incroyable empreinte de finesse et de maîtrise lyricale. C'est donc l'esprit embrumé qu'on sort de l'écoute de cet album. C'est-à-dire rarement entier. Et je suis sûr qu'on vous l'a déjà répété maintes et maintes fois mais ici, le fait est que la limite entre folie et génie est encore une fois de plus terriblement étroite...
Jaquette: 19/20Le montage et le jeu de couleurs sont juste énormes. C'est une des plus belles jaquettes de l'histoire du rap. Pas un déchet sur cet album finalement.