Astérix&Obélix: Mission Cléopâtre
"Mission réussie"
Sortie: Janvier 2002
Réalisateur: Alain Chabat
Réalisation: 15/20Mission Cléopâtre c'est un budget de 330 millions de francs, des milliers de figurants, plus de 2500 costumes et 5000 sandales conçues pour l'occasion, des chameaux, des oiseaux, des chats, des chiens, des centaines de jours de tournage à Malte et au Maroc pendant des jours d'extrême chaleur. Il va s’en dire que Chabat avait donc les moyens, et cela se voit à l'écran. Effets spéciaux réussis, grands extérieurs ensablés, intérieurs somptueux, et beaucoup, beaucoup de figurants. Loin d’être extraordinaire à l’écran, cela reste joli à regarder et dans le cadre de ce genre de comédie, c’est tout ce qu’on demande.
Jeu scénique: 13/20Qu’on se dise, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre n’est qu’un titre ; en effet, dans le film, la vedette va surtout à un impérial Gérard Darmon dans le rôle du méchant Amonbophis, perfide et sournois mais surtout très crétin, sans pour autant tomber dans la lourdeur et à Jamel Debbouze, un Numérobis qui prend beaucoup plus d’ampleur que dans la version papier d’Uderzo et de Goscinny. L’humour particulier de Jamel, fortement adapté à la classe adolescente, fait mouche et constitue le véritable corps du film. Pari étonnant que de laisser les seconds rôles à Astérix et Obélix, mais pourtant réussi. Et ce n’est pas plus mal puisque le rôle de Christian Clavier, réduit ici à peau de chagrin (tout comme celui de Depardieu), est tel qu’il rend Astérix beaucoup plus supportable que dans le premier épisode où ses mimiques lassantes surabondaient et surtout ennuyaient.
A côté de ça, Chabat nous a offert une brochette intéressante d’humour avec la présence d’Edouard Baer en scribe quelque peu bavard, de Monica Belluci en Cléopâtre très sexy ou encore de Dieudonné, centurion « noir ». Le problème, c’est que les réalisateurs se sont sentis obligés d’inclure à ces derniers, bons dans leurs rôles, une flopée de personnages, parfois sans rapport direct avec le film lui-même et qui eux sont loin d’être drôles, vraiment loin. Pour quel intérêt, autre que de faire baver le public et de l’attirer dans les salles obscurs, se demande t-on ? Pour aucun, et les apparitions affligeantes de Gad Elmaleh et de Mathieu Kassovitz ne peuvent souligner la bêtise d’imposer, dans des blockbusters français, un casting « bling-bling » qui visiblement n’apporte rien au film, si ce n’est des cachets plus lourds.
En ce qui concerne la flopée de gags, elle est généralement de bonne fracture (même si on évite pas les bides et les ratés) et à prendre au second degré. Que ce soit Jamel, Gérard Darmon ou l’humour des Nuls (les trois moteurs comiques du film à proprement parler), chacun nous offre peu ou prou un moment de rire et cette alchimie fonctionne plutôt bien.
Scénario: 13/20En ce qui concerne l’adaptation en grand écran, elle reste assez fidèle, dans les grandes lignes, à la bande dessinée imaginée par Goscinny. Hormis cela, Chabat y ajoute un gros coup de pinceau personnel ; ainsi chaque nom de personnage est l’occasion d’un ou plusieurs jeux de mots, on trouve également beaucoup de gags liés à des anachronismes, des parodies en tout genre ou encore des pastiches de films. Évidemment, certaines scènes apparaissent rapidement comme inutiles à l’écran par rapport à la version papier mais elles sont compensées par d’autres scènes qui ajoutent de l’originalité et de la contemporalité à l’œuvre du gaulois moustachu et qui ne sont pas à renier. Malheureusement, certaines scènes ne sont pas montées de manière idéale. Certains passages semblent très longs, d'autres très courts, bref, il est possible de s'y perdre un peu face à cette histoire déstructurée.
Note Générale: 14/20Adapter l’œuvre d’Uderzo et Goscinny est chose extrêmement périlleuse mais je pense qu’au terme de cette chronique, tout le monde aura compris que ce deuxième volet des aventures de nos irréductibles Gaulois est sans conteste le plus réussi (en même temps vu la qualité du premier, cela n’était pas trop difficile à faire) de la série. Chabat, en conservant les grandes lignes de l’histoire de la bande dessinée, nous offre une interprétation personnelle des aventures du plus célèbre des Gaulois et il faut dire que grâce des choix audacieux (mettre Astérix et Obélix au second plan, donner un rôle extrêmement large à Jamel, …) qui se sont avérés par la suite payants, il parvient à donner un moteur comique au film (ce qui manquait horriblement au premier opus) sans pour autant en faire une bouillie immonde destinée à un public à l’humour facile. Une comédie française sympathique, ce qui est assez rare pour être souligné.
Jaquette: 14/20Tous les personnages (ou presque) sont là, sans pour autant que ça fasse surchargé, pas mal.