Immortal Technique - Revolutionary vol.2
"Sniper scoping a commission controllin the president"Sortie: Novembre 2003
Label: Viper Records/Nature SoundsVoix/flow: 17/20 Il est clair que Immortal Technique, assez loin d'être le GOAT de sa catégorie, reste quand même un mcee assez redoutable dans ce domaine; en tant qu'ancien battle-mc, il a gardé cette faculté d'enchaîner sans difficulté mesure sur mesure avec un débit soutenu (
Obnoxious). Rarement pris à défaut, que ce soit sur une quelconque instru ou par un quelconque mcee, toujours on-beat, son flow lourd et rocailleux conviendra parfaitement aux intrus puissantes qui décorent cet album. On appréciera aussi son accent latino quand il se met à rapper quelques mesures en espagnol.
Lyrics: 18/20
Dernier gros album engagé politiquement, Revolutionary peut s'enorgueillir de disposer de lyrics épaisseur béton armé. Dans un style proche des Public Enemy presque 20 ans plus tard, Immortal Technique lâche des couplets acides, acérés et extrèmement documentés. Il s'attaque, en bon mcee conscient, au trafic de la drogue sur
Peruvian cocaine, à la misère et la violence du ghetto sur
Harlem Streets et plus particulièrement à la société et le gouvernement américain (
The 4th Branch, The Cause of Death) pour lesquels il ne fait aucune concession. Il nous démontre aussi que, outre le fond, il dispose aussi de la forme, en témoignent ses talents égotrips sur notamment
Obnoxious.
En outre, l'opus dispose d'un son presque aussi prenant que le fabuleux
Dance with the Devil du premier album en la personne de
U never know, histoire mélo-dramatico-émouvante qui clôture en beauté l'album. On pourra regretter le fait que certaines informations balancées par IT au détour d'une mesure le soient aussi rapidement, n'offrant d'autre choix à l'auditeur que de se documenter par lui-même.
Instrus: 15/20
Produite en grande partie par le très peu connu Southpaw, les intrus sont assez hétérogènes et offrent une réelle diversité sur l'album, ce qui permet d'empêcher que l'attention de l'auditeur faiblisse. On passe du son lourd et dur (
Point of No-Return, Internally Bleeding,...) aux beats plus calmes (
Harlem Streets, U never know,...) tout en suivant un fil conducteur aux sonorités latines (
Peruvian Cocaine, Sierra Maestra, Obnoxious...), Immortal Technique rappelant par là ses origines péruviennes. On déplorera cependant l'absence d'un son sortant du lot pour venir imposer l'album en dehors des frontières de l'underground new-yorkais.
Note Générale: 17/20
Comme on l'a déjà dit précédemment, l'hétérogénéité de l'opus, que ce soit au niveau des instrus ou des thèmes abordés (quasiment tous instructifs) permet une ré-écoute facile mais plus que cela, Revolutionary vol.2 permet à chacune de ses tracks de se tailler un trône particulier qui fera qu'un tel auditeur préfère cette track-là plutôt qu'une autre. Cependant, derrière cette apparence disparate, l'album conserve une forte cohésion et s'érige en véritable monument du rap engagé, chose que le rap, dans ses folles années 2000, n'avait plus connu, à un tel niveau, depuis longtemps...
Jaquette: 12/20
On a misé ici sur la sobriété, un mur troué, le blaze du mcee écrit en sang écarlate. Point. Si au moins la jaquette avait dégagé une atmosphère particulière, on aurait pu lui reconnaître une certaine valeur.