Relapse - Eminem - Rap [14]

Eminem - Relapse
"Welcome to the Darkside of the Force..."

Sortie: Mai 2009
Editeur: Shady Aftermath/Interscope


Voix/flow : 15/20

Niveau performance, on pourra noter les accélérations de Eminem sur Stay wide awake, sur Insane ou encore sur Underground mais au final, il est évident que le ton de l’album est mélancolique et que l’humour white-trash qui a fait la gloire du Slim Shady est extrêmement dilué dans Relapse, où le petit blondinet a pris de la profondeur, au point de s’auto-critiquer, et adopte un discours beaucoup plus profond, même si évidemment il ne manque pas une occasion de choquer les mœurs de l’Amérique puritaine. Côté featuring, on retrouve le tonton Dre qui vient poser, certes avec un flow moyen mais une complicité évidente, sur le Old Time’s Sake. On retrouve aussi Dre sur Crack a bottle, la seule véritable faute de goût de l’album, où il pose au côté d’un 50 Cent moribond et ennuyeux au possible. A part ça, l’album reste intimiste au possible et cela colle assez bien à l’ambiance qui s’en dégage.

Lyrics : 16/20

Malgré une perte évidente en matière de multis et de forme du texte, le Eminem d’encore est loin d’être à la ramasse et nous sort une fois de plus des textes obscènes et psychopathes (peut-être même plus que sur ses albums précédents) qui proviendraient directement de ses expériences personnelles mais aussi de ses fantasmes névrotiques. La grosse réussite en la matière est constitué par 3.a.m., véritable thriller schizophrène où meurtres et amnésie se mêlent étroitement sur fond de cadavres encore chauds… suit, pas très loin, Stay wide awake, un des nombreux morceaux qui refroidit aisément l’atmosphère. Mais il ne s’arrête évidemment pas là, il profite du morceau My Mom pour en remettre une couche sur sa mère et accessoirement sur son beau-père (Insane) où ses lyrics atteignent encore une fois un summum de dégoût. C’est dans ce tourbillon de noirceur que l’on retrouve parfois des éclairs de lucidité et de sincérité comme le merveilleux Beautiful, qui semble tout droit échappé de l’excellent Eminem Show.

Mais le Slim Shady, qui est une fois de plus de retour pour tailler les slips à tout azimuts, diversifie ses cibles et s’attaque aussi au monde des célébrités (une fois de plus me direz-vous) et entres autres, à Mariah Carey et ses boyfriends (Bagpipes from Bagdad), à Lindsey Lohan et Britney Spears (Same song and dance), à Christopher Reeves (Medecine Ball) et à tout ce beau monde réuni sur le premier single, obligatoirement satyrique, de l’album (We made you). Cependant, on pourrait regretter l'ambiance de classic tracks façonnée à la manière d'un Stan, d'un Way I Am ou même d'un Till I Collapse.

Instrus : 14/20

Exit les productions plus orientées ‘bangers’ de l’album Encore, productions qui convenaient certes au clan Shady Aftermath & G-Unit mais certainement pas au sieur blondinet. Sonnant plus Slim Shady LP que Marshall Mathers, on se retrouve dans Relapse avec des instrumentales beaucoup plus minimalistes mais aussi beaucoup plus pessimistes. Et hormis l’erreur de casting que constitue Crack a Bottle (visiblement échappée de l’album futur de Fifty) et le passage obligé par la satyre de We made you, le travail de productions de l’album est extrêmement cohérent.

La noirceur et la démence sont évidemment présentes en grande pompe (3.a.m., Insane et j’en passe) mais on y retrouve aussi des airs orientaux agréables (Bagpipes from Bagdad), des basses lourdes mais mal exploitées (Must be the Ganja et Old Time’s Sake), des mélancolies tristes et émouvantes (Beautiful, Deja vu) et enfin une explosion orchestrale sur Underground qui clôture avec puissance et grandeur cet album. Certes, Dr Dre (qui produit quasiment la totalité de l’album) est loin d’être à son meilleur niveau mais il a le mérite d’avoir préféré un album compact à un album qui contiendrait beaucoup plus de bangers mais qui serait inégal. Un choix judicieux.

Note Générale : 14/20

Guess who’s back ? Back again ?

Shady évidemment.
Avec cet album, personne ne peut plus en douter, Eminem est bien de retour dans le game et le bougre semble en forme, malgré tous les problèmes qui l’ont assailli pendant ses dernières années. L’interrogation majeure est plutôt de savoir s’il s’agit d’un bon album ou tout simplement d’un album juste moyen ? La question ici posée semble sans franche réponse. En tout cas, dans l’environnement extrêmement médiocre du rap mainstream yankee actuel, Relapse apparaît comme une éclaircie… ou plutôt comme un gros nuage plein de noirceur psychopathe, à vous de voir. Certes, Relapse n’est pas l’album du siècle, peut-être même pas celui de l’année, mais le sieur Eminem, de retour de dépression, a au moins le mérite d’avoir tirer des leçons du semi-échec de Encore et d’avoir su proposer à ses Stans une galette régulière et agréable à l’écoute.

Jaquette : 15/20

Le thème est en accord avec l’album, l’artwork est plus ou moins bien fait