HNIC - Prodigy - Rap [16]

Prodigy - HNIC
"U can never feel my pain..."

Sortie: Novembre 2000
Label: Relativity Records


Voix/flow: 14/20

Son point fort à lui, Prodigy, c'est sa voix rauque et son flow sombre nonchalent qui colle parfaitement aux productions made in QB qu'il affectionne tant. HNIC ne fait pas ici exception à la règle. Mieux, Pee ajoute à sa voix de la sensibilité et de l'émotion tant les thèmes abordés le touchent de près et cela lui réussi plutôt bien puisqu'il parvient à donner une dimension personnelle à son opus. Et pour que la fête soit réussie, il invite, comme à sa grande habitude, les meilleurs tueurs de son quartier (Nore, Twin, Noyd, Chinky et bien sûr son comparse Havoc) pour accentuer encore plus l'atmosphère sombre de l'album.
So Queensbridge!

Lyrics: 17/20

Demandez donc à un BBoy ce qui caractérise donc Prodigy de Mobb Deep. La réponse sera unanime: la street-cred'. En effet, il fait partie du peu d'artistes qui connaît la rue sur le bout de ses doigts, et pour cause il y a pas mal bourlingué. C'est de cette street-expérience que Pee se sert pour écrire ses morceaux et c'est au travers de ceux-ci qu'il nous emmène dans les bas-fonds de son quartier. Les sujets sont variés et intéressants, il pose son regard d'ancien dans le triste Veteran's memorial, parle de guns, de gloire ou d'amour sur respectivement Gun Play, Diamond et Trials of love ou encore représente le quartier sur le lourd What U Rep. Il en profite même pour reprendre à sa sauce le classique Criminal Minded de KRS1 et cie.

Mais cet album, c'est avant tout le plus personnel et le plus engagé du Mobb nigga. A travers sa plume, parfois grossière, parfois poétique, il nous fait part de la souffrance qui le ronge depuis tout petit (Note: Pee est en effet atteint d'une maladie rare) et qui le torture au plus haut point. C'est ce thème particulier, celui de la souffrance et de la mélancolie (Can't complain, U can never feel my pain,...) qui fait office de fil rouge... Plus fort, dans Genesis, il se livre en toute sincérité sur une boucle de piano craquelée en nous disant en toute honnêté 'I wanna go home, not sing this song'. Toute sa tristesse se retrouve dans cette classique punchline...

Instrus: 18/20

Contrairement aux précédents opus de Mobb Deep, HNIC brille ici par un contenu hétérogène. Pour cela, Pee a fait appel à d'autres producteurs en vogue (notamment The Alchemist) en plus de l'habituel Havoc. Si de prime abord, cette diversité peut paraître déroutante tant l'homogénéité restait un maître mot dans ce genre d'opus made in QB, on en est pas moins obligé de reconnaître le bien-fondé de cette décision. Si les sons lourds et sombres, si chers au quartier, n'ont pas été oubliés (Wanna be thugs, Infamous minded,...), HNIC apporte en plus son lot de bangers beaucoup plus axés "club" et aux instrus certainement moins hood (Do it, Rock that shit, YBE,...) sans oublier des instrus certes toujours aussi bonnes mais beaucoup plus laid-back (Three, Diamond,...).

En outre, sur des sons beaucoup plus personnels, il est rejoint par des instrus particulièrement touchantes et émouvantes (U can never feel my pain et Veteran's memorial, orgamisque écoutée une journée de pluie). Et puis il y a la classik track Keep it thoro, sans doute top 10, voire 5 des meilleurs sons du Mobb et le non moins classique Genesis, dont la production reste toujours untitled et qui est sans doute la meilleure entrée en la matière d'un album hip-hop. Quelques notes de piano posées sur une atmosphère sombre et triste... et puis la voix lourde de Pee... <3. Certes, au delà de ces quelques coups de coeur immédiats, il reste quelques productions en deça du reste de l'album mais celui-ci est porté par un tel niveau d'excellence qu'il est difficile de ne pas succomber au travail de production.

Note Générale: 16/20

Premier album solo de Prodigy. Juste après les panthéoniques Infamous et Hell on Earth.
Autant dire que l'attente du public était plus que forte et que le moindre faux pas était attendu au tournant. Et la moindre des choses que l'on peut dire, c'est que Pee ne déçoit pas. Il nous livre un opus poignant et sincère porté par des productions qui collent extrèmement bien à l'atmosphère sombre et torturée. Malgré quelques sons un peu en deça (il faut dire que l'album compte quand même plus d'une vingtaine de tracks), HNIC a été reconnu comme un classique dans le milieu. Comme quoi, un grand mcee, de grandes productions donnent toujours du bon rap...

Jaquette: 15/20

Une jaquette volotairement rectangulaire car encadré par des bandeaux blancs. Pee s'y tient accroupi. Rien de bien fantastique, cela reste sobre mais néanmoins efficace.