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 L'Orange mécanique - Anthony Burgess - SF [18]

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MR Fishy Fi$h
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MR Fishy Fi$h


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L'Orange mécanique - Anthony Burgess - SF [18] Empty
MessageSujet: L'Orange mécanique - Anthony Burgess - SF [18]   L'Orange mécanique - Anthony Burgess - SF [18] Icon_minitimeJeu 13 Jan - 17:40

L'Orange mécanique - Anthony Burgess - SF [18] 9782266062312

Anthony Burgess - L'Orange mécanique
"L'Ode à la Joie"

Sortie: 1962
Editeur: William Heinemann


Style: 18/20


Évidemment, la première prise de contact avec ce livre n'est pas aisée, et notamment en partie à cause du langage utilisé tout au long du livre, le nadsat, sorte de patois formé par le mélange du russe, du manouche et de l'anglais, qui pourra rebouter certains lecteurs. Mais pourtant, il n'en est rien car l'apprentissage de ce dialecte se fait rapidement, et même sans le mini-dictionnaire qui se trouve à la fin du roman. Burgess invente un langage drôle, étonnant, sympathique sans jamais tomber dans la caricature ni dans la lourdeur et l'ampoulé. Et surtout, et c'est le gros point positif, il nous plonge directement dans l'atmosphère de l'Orange mécanique. Avec ce langage, on se retrouve au plus profond de l'univers d'Alex et ses compagnons (ses drougs) et notamment de leur manière de vie, un peu comme si on regardait un documentaire immersif sur les ghettos américains ou les bidonvilles brésiliens.

Sans toutefois se mettre à penser comme Alex Dellarge, on en arrive parfois à la désagréable sensation de minimiser des événements pourtant graves ou de prendre à la légère certains événements pourtant tragiques. Et ce n'est pas tout, puisque, dans le même ordre d'idée et avec ce dialecte particulier, certaines choses se voient soulignées lourdement alors que d'autres sont mises astucieusement entre parenthèses. En tout cas, il ne fait nul doute que les codes de la narration classique sont chamboulés et avec ça, la lecture qui en faite.

Personnages: 18/20

Sur le même ordre d'idée que le paragraphe précédent, il y a cette idée de faire raconter l'histoire par le "héros" lui-même. Et la façon qu'il a de nous narrer tout "ça" avec nonchalance et ironie fait qu'on ne peut s'empêcher d'y adhérer quelque part, ce qui est étrangement inquiétant, tout en pouvant malheureusement être drôle, comme le souligne un nombre conséquent de critiques. Et la musique joue aussi un rôle important, ne se limitant pas à un simple fond sonore mais en étant plutôt considérée comme un vecteur d'émotions. N'agissant pas comme élément déclencheur mais bien comme un puissant élément amplificateur, Anthony Burgess nous montre que l'influence dudit art n'est pas aussi anodine qu'il n'y paraît. Par la même, il nous montre que son "héros" n'est pas une de ses brutes sans cervelle mais un être extrêmement intelligent et cultivé, ce qui n'accentue que davantage cette sensation antinomique d'admiration/de dégoût.

Mais au delà du personnage d'Alex et de ses drougs, c'est la jeunesse en générale qui est visée par Burgess, et les parents de ces derniers (même si cela est plus subliminal). Loin de se cantonner à ce simple rôle, l'Orange mécanique est quand même avant tout une histoire de délinquance juvénile et de violences commises par des groupes d'adolescents. Ce thème, avant-gardiste quand on voit que dans certains coins du monde, l'univers décrit par Burgess est loin d'être utopique, mérite réflexion, surtout qu'ici, il est accentué volontairement par le fossé existant entre cette jeunesse débridée et les raisonnables adultes.

Et l'auteur ne s'arrête pas là puisqu'il aborde également la réinsertion sociale en laquelle il ne croit visiblement pas. Malgré le parallèle douloureux entre l'auteur et les faits troublants du livre et des personnages, il parle de la civilisation qui n'est finalement qu'un vernis sur la nature de l'homme, tout en défendant, d'un autre côté, l'idée de l'orange mécanique, qui est qu'un homme qui cesse de choisir cesse d'être un homme. La réflexion est sans cesse présente dans ce livre, que ce soit au niveau des agissements des protagonistes ou au niveau de leurs réflexions, et toujours, avec cette marge qui empêche de fricoter, de près ou de loin, avec le manichéisme.

Scénario: 15/20

Le scénario se déroule principalement en trois étapes. Dans la première partie de la narration, elle est composée en majeure partie d'exactions commises par Alex et sa bande, l'auteur posant sans trop de problème le décor et surtout l'ambiance du récit. Ce n'est qu'au fil de celle-ci qu'on se rend compte de la montée en puissance de la violence, violence nécessaire (il faut le dire) pour véhiculer l'horreur de la vision de l'auteur mais surtout pour aboutir sur le contraste de la deuxième et la troisième partie, composées respectivement de l'insupportable traitement subit par le protagoniste et censé le guérir de ses pulsions agressives et ensuite, de sa réinsertion et de la difficulté (pour ne pas dire l'impossibilité) de celle-ci. C'est sur ces points que le concept d'orange mécanique prend toute son importance.

Et même si en restant dans l'analyse pure et dure, on peut trouver dans l'histoire une simple charpente aux idées de Burgess, il n'en reste pas moins que tout est parfaitement à sa place, que tout est nécessaire pour emmener le lecteur dans pareil thriller métaphysique. Il nous reste à souligner la fin de l'histoire, loin des sentiers battus, loin des révolutions en tout genre. Burgess, même malgré le passé qui visiblement l'inspire dans la création de ce livre, voit plus loin que les clichés, même les plus complexes, et accessoirement beaucoup plus loin que le film éponyme de Stanley Kubrick qui ne s'arrête pas sur la même note. Une note à la fois d'impuissance et aussi de compassion. D'ailleurs n'est-ce pas lui qui nous fait part de sa réserve quant au traitement Ludovico ? Les choses sont inévitables semble dire Burgess mais toujours avec cette touche de complexité qui empêche sans cesse de peindre le monde en noir, en blanc, voire même tout simplement en gris.

Note Générale: 18/20

Bien sûr, presque tout le monde connaît le film qu'en a tiré Stanley Kubrick. Mais souvent au détriment du livre. C'est qui est d'autant dommage que ce dernier est beaucoup plus profond que son adaptation cinématographique. Dans tous les thèmes véhiculés, il a largement plus à manger et à boire dans les 214 pages de Burgess que dans les 136 minutes de Kubrick, malgré tout le respect que j'ai pour ce dernier. L'Orange mécanique c'est avant tout un voyage, un voyage dans un futur antérieur métaphysiquement troublant. Un voyage pas vraiment glorieux, pas vraiment innocent, entre parties de dedans-dehors avec des dévotchkas aux roudnés raides, de bagarres au nodz avec les bandes adverses et de tabassages en règle de viokchos. Tzarrible! Et ce qui est encore plus tzarrible que la violence omniprésente dans ce livre, c'est bien sûr de voir au-delà...

Car l'auteur semble là écrire le manuscrit de sa vie, puisant dans son passé et celui de sa femme, tragiquement sinistre. Sa personnification dans le livre n'est pas un hasard et l'Orange mécanique semble se rapprocher beaucoup plus d'une autobiographie que certains ne voudraient l'admettre. Mais malgré le brio avec lequel il insuffle de son âme dans sa création, l'auteur parvient toujours à garder la maîtrise sur son roman, à marquer la dichotomie et à conserver cette distance entre l'homme et le roman, distance nécessaire à la réflexion. Visionnaire? Sans aucun doute. Un classique? Non. Un grand classique avant tout.

Jaquette:
11/20


Il s'agit vraisemblablement de l'affiche du film de Kubrick mais elle ne donne que très moyennement en couverture d'un livre. De plus, nous n'apprécions pas vraiment le Alex, un peu androgyne, de Kubrick.
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