Infamous Trilogy - Infamous Mobb - Rap [16]

Infamous Mobb - Special Edition
Sortie: Mai 2002
Label: IM3/Landspeed Records

Infamous Mobb - Blood Ticker Than Water
Sortie: Avril 2004
Label: IM3/Monopolee Records

Infamous Mobb - Reality Rap
Sortie: Novembre 2007
Label: IM3/Sure Shot Recordings

"QB version post-2000"


Voix/flow: 14/20

En soi, le collectif de IM3 ne possède pas des flows extraordinaires leur permettant de surfer sur n'importe quel beat. Que nenni. Ce n'est que sur les instrus lourdes qu'ils affectionnent que leurs voix rauques et dures abîmées par le blunt peuvent sortir leur puissance. Big Twinz et sa voix de fumeur de sans-filtre en est l'exemple parfait. Sur BIG TWINS, Betti Bye Bye, Born Again ou encore Killa Queens, son flow éraillé colle parfaitement aux instrus et met directement la pression sur l'auditeur. Godfather agit plus ou moins dans le même registre, avec un flow légèrement plus technique que ses compères qui lui permet d'assurer les refrains avec brio (Worldwide, Greenback et en règle générale l'album Blood Ticker Than Water). Seul Ty Nitty est légèrement en retrait au niveau du flow.

Et comme sur chaque bon skeud estampillé QB, la famille est conviée à la fête. Notamment les parrains Prodigy et Havoc qui ont apporté notamment leur crédibilité et leur couverture médiatique au crew, Chinky pour tempérer les ardeurs des IM3 par des refrains féminins mais aussi Flame Killer, Blitz ou ACD pour, à l’inverse, encore accentuer les flows rauques du collectif. Erick Sermon de EPMD en vient même à s'inviter sur le troisième opus.

Lyrics: 14/20

Visiblement pas le point fort du crew, ceux-ci restent centrés sur un seul mot : la street (Kings of Queens, Killa Queens, Streetz of NY,…). On retrouve aussi les sujets-phares qui vont inéluctablement avec tels que les gunz (Blauu, Empty Out,…), les party’s et les femmes (More Hoes Than Hefner, Tonite,…) ou encore la violence (Black Hand, Reality Rap, We Will Survive, Who Can I Trust,…). Ici, pas de finesse, ou si peu, à quoi sert-elle dans le hood ? Les punchlines sont balancées sans détour dans un argot typiquement new-yorkais et ont pour but direct d’aller frapper l’auditeur sans pour autant le faire réfléchir. Cependant, si certaines mesures ont le mérite d’être assassines, elles n’en restent pas moins raw et même si cela correspond à la ligne de conduite du collectif, on aurait aimé plus de forme dans le texte. On notera quand même quelques jolis textes nostalgiques comme celui de Godfather sur Let’s take it back.

Instrus: 17/20

Lourd et entraînant.
Voilà les deux mots qui pourraient résumer le mieux le son de la trilogie des Mobb Niggaz. Celui-ci fourni, en partie, par le très bon Alchemist, évite le piège dans lesquel Infamy et de American Nightmare de Mobb Deep étaient tombés, à savoir proposer un son très banger en laissant de côté les sons plus street.

S’il est clair que sur les opus d’Infamous Mobb, on retrouve inéluctablement d’un côté, les instrus urbaines, lourdes et sombres à souhait (IM3, Born Again, Black Hand…) et, de l’autre, des sons qu’on pourrait qualifier de club (Got that Iron, Tonite), on assiste à une synthèse plutôt réussie de ces types d’instrus, à priori peu conciliables, qui permet à des beats tels que Mobb Niggaz ou Reality Rap de parfaitement fusionner avec les flows lourds des mcees, les rendant attractifs sans pour autant leur ôter leur crédibilité.  Mais, au-delà du premier opus, c’est l’album Blood Ticker Than Water, qui se taille la part du gâteau (Greenback, The Future, Who We Ride For, Worlwide,…) en proposant son zénith dans ce style de production. Et si, sur le troisième opus, on constate un léger glissement vers le côté banger, la qualité des beats des nombreux producteurs est si élevée qu’il est difficile d’y trouve matière à contestation.

Note Générale: 16/20

Déjà, le simple fait de faire figurer trois albums dans une seule chronique est une preuve irréfutable de l’homogénéité du travail de nos trois compères. Peu de fautes de goûts (seul That Smell en est malheureusement une) en matière de productions, Infamous Mobb a su s’entourer des meilleurs producteurs sans pour autant succomber aux starlights de la production-showbiz (qui a dit Timbo ?). Street crédibilité est sans conteste un maître-mot dans le collectif. Et si les derniers réticents à accepter Infamous Mobb comme relève du QB peuvent contester l’épaisseur lyricale du groupe, ils ne pourront que succomber à l’atmosphère résolument QueenBridge qui se dégage de ces trois opus. Au pire, ils se contenteront de les faire tourner outrageusement dans leur gova. Succès garanti.

Il y a eu Mobb Deep dans les années ’90, il y a Infamous Mobb dans les années 2000. Pas véritablement de différences entre les deux crews, étroitement liés, ni de révolution rapologique… juste une évolution…

Jaquette de Special Edition: 10/20

Trois mains reliés entre elles. Si la jaquette reflète la fraternité entre les membres du groupe, elle n’en est pas moins peu intéressante.



Jaquette de Blood Ticker Than Water: 18/20

Les comparses encagoulés dans une atmosphère sombre à souhait, Godfather allume son cigare avec une liasse de billets, les quartiers malfamés du Queens en arrière fond. So hood !



Jaquette de Reality Rap: 15/20

Un montage Photoshop donne beaucoup de noirceur à l'image, celle-ci se mélangeant bien avec la couleur rouge. C'est bon.